mardi 14 mai 2013

Even


Tu commences ce livre sans rien savoir, ou presque. Très vite tu comprends que tu ne t'en tireras pas comme ça. Très vite tu piges que ce texte-là, les images qu'il te fabrique, ces personnages-là, tu n'es pas prête de les oublier. 
Sûrement que tu ne les oublieras jamais, d'ailleurs.
Dire que tu as failli passer à côté. Dire que tu pensais que tu n'aimerais pas.
Faut pas exagérer non plus, cela n'a pas été un moment de plaisir, ça t'a pris un dimanche, le début au soleil (si si) dans un transat, avant de migrer dans ton lit pour terminer une lecture indélébile. Parce que la trace elle reste. L’atmosphère spéciale qu'elle a donnée à ce dimanche. Le malaise persiste, deux semaines plus tard. Parce qu'il t'a fallu deux semaines pour arriver à écrire ton ressenti. 
Deux semaines pour te rendre compte que tu ne sais pas si les personnages avaient un nom, mais tu les vois très bien déambuler, tu les sens, tu as envie de couvrir l'enfant de tes bras pour le protéger de ce froid qui l'engloutit, tu as été heureuse et savonneuse avec eux lorsqu'ils ont trouvé de quoi se laver.
Il est des "livre-trace".
La Route en est un, et de belle envergure.

La Route, Cormac McCarthy, éditions Points Poche, traduction François Hirsch

6 commentaires:

  1. Lire 'La Route' n'est vraiment pas un plaisir. Cette lecture te prend à la gorge, aux tripes, à la tête.
    Tu sais qu'elle va rester ancrée dans ta mémoire. Indélébilement ? L'avenir nous le dira. Mais les images sont si fortes si poignantes que ça ne devrait pas exister ce genre de livre...

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    1. Le malaise oui, mais heureusement qu'il est encore de tels livres, qui exacerbent les émotions, qui encouragent la réflexion, qui suscitent des discussions, nan?

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    2. Bien sur ! Heureusement ;)
      J'ai eu le même genre de sentiment avec le Sukkwan Island de David Vann. Mais je crois que ce dernier t'a plutôt rebuté.

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    3. J'y ai pensé au tout début, mais non je trouve ces deux textes fondamentalement différents, et Sukkwan je ne le relirai pas.

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  2. Je n'ai pas lu, mais vos commentaires me faont penser à Sukwan island, que je n'ai pu lire en entier, pas maintenant...mais je lirai la route, un jour...
    Et dans un mois peut être la prendrai-je vers la dune, qui sait ?

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    1. La route de la dune n'est pas aussi ardue, mais elle peut laisser de belles traces...

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