vendredi 2 novembre 2012

Batz, là-bas

Tu ne le sais peut-être pas, mais j'ai au fond de moi un doux rêve. Batz. Qu'elle devienne mon île. Que je devienne sienne plutôt.
D'autres plus argentés que moi (parce que tu te doutes bien que l'immobilier sur une île n'est pas à la portée d'un petit budget) ont pu franchir le chenal avec leur fatras.
Guénaëlle Baily-Daujon est de ceux-là. De celles qui contre vents et marées ont choisi de s'incruster, de s'accrocher à l'envie de devenir insulaire. Beaucoup disent qu'on ne le devient pas. On l'est ou non. 
Elle ne l'est pas.
Elle l'a écrit.
Je n'ai pas adhéré à tous ses mots. J'ai aimé ses portraits d’îliens, j'ai cependant été gênée de savoir qu'il s'agissait de vrais gens. J'ai aimé sa façon claire d'avouer à quel point son expérience fut difficile.
Elle n'altère pour autant pas mon doux rêve.

D'ici, Batz


"L'implicite breton consiste à accorder la plus grande importance à tout ce qui ne se dit pas. C'est dans les silences, les regards que l'on communique. Quand j'ai demandé à Jacques ce que signifiait être îlien, il m'a répondu: "C'est s'asseoir à deux sur un banc près du port, et regarder les bateaux pendant plus d'une heure sans se dire un mot."

Là-Batz, le roman d'une île, Guénaëlle Baily-Daujon, éditions Intervalles

1 commentaire:

  1. J'ai eu très longtemps le même rêve.
    Pour Belle-Île-en-mer (très jeune c'était l'île de Sein).
    Crève-cœur à chaque fois qu'il fallait la quitter, j'allais écrire l'abandonner.

    On en a monté des "plans" (à cause du budget...) qui n'ont jamais abouti, on en a usé des rêves.

    Aujourd'hui je me dis : heureusement.
    On n'appartient jamais à une île ni aux insulaires, on reste à jamais l'étranger, celui en trop et sauf à copiner avec d'autres "étrangers", on est plutôt seul.

    Quand tu y séjournes en hiver ou à toute autre saison non touristique, tu te dis que tu as une chance de rapprochement, mais c'est du pipeau.
    Et dans les coups durs, tu t'aperçois que tu ne pèses pas plus lourd qu'un sans-papiers.

    Je suis persuadée que la dernière phrase sur l'implicite breton pourrait s'appliquer à presque tous les endroits du monde (à condition qu'il y ait l'eau du port). Mais si on n'est pas né-natif...

    J'ai hésité à acheter ce bouquin et puis je ne l'ai pas fait parce que peut-être que cette jeune femme est quand même relativement privilégiée.

    Aujourd'hui elle vit à Brest.

    Mais je ne veux pas altérer ton propre rêve, hein, il est beau.

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