mercredi 27 mars 2013

D'amuse-bouche en panier de crabes


Le Dîner se lit le temps d'un dîner. Le temps d'un dîner dans un endroit chic où la lenteur est de mise et où l'on est poli jusqu'au bout des ongles. Des ongles vernis.

En attendant le hors-d'oeuvres, on tapote ses ongles sur la nappe blanche.
Après le plat principal, on s'évertue à cacher  sous sa serviette grisâtre les morceaux d'ongles qu'on vient de se ronger.
Au dessert, on gratte le vernis.
Quand arrive le café, on ne sait même plus si un jour on a eu des ongles et on remarque les tâches nombreuses qui maculent la nappe.

Si tu t'invites à Dîner, ne lis pas la quatrième de couverture, et assure-toi que ton lendemain ne sera pas trop exigeant, je crains que la digestion ne t'empêche de dormir.


Le Dîner, Hermann Koch, éditions 10/18, traduction Isabelle Rosselin

dimanche 24 mars 2013

La vérité sur l'affaire de la vérité sur l'affaire HQ

Tu connais un peu mes habitudes, tu sais que d'ordinaire je m'intéresse aux critiques après avoir lu le livre dont elles parlent. Je n'ai pas failli avec l'Affaire.
J'ai lu, avidement, parce que je voulais connaître la fin. J'ai deviné une bonne partie du dénouement aux environs de 400 pages tournées. J'ai lu comme on lit un polar facile et pas nécessairement bien écrit.

Ce livre est au centre d'une polémique à propos des prix qui l'ont couronné (Goncourt des Lycéens et Académie Française).
Je ne suis pas particulièrement placée pour mêler mon grain de sel à cette histoire, mais je me demande si la polémique n'est pas tout simplement le but du livre.

Si tu ne l'as pas lu, il faut que je t'explique: ce livre est une mise en abîme, du début à la fin. Tu lis le cheminement de l'écrivain qui travaille un texte sur une affaire de moeurs en cours. Tu vois?
De mon point de vue, il s'agit d'un texte à deux niveaux, le roman policier à deux balles, et une critique ironique et cynique de ce à quoi peut ressembler un (mauvais) écrivain à succès (parce que bien marketé) talonné par son éditeur et son envie de rester en haut de l'affiche.

J'ai envie de croire que ce livre n'est pas une imposture, mais qu'il découle d'une vraie réflexion, peut-on laisser une chance à ce jeune Joël Dicker et voir à quoi ressembleront ses prochaines productions?


La vérité sur l'affaire Harry Québert, Joël Dicker, éditions De Fallois

dimanche 17 mars 2013

Tu vois c'que j'entends?

Depuis que je n'habite plus en ville, je n'écoute quasiment plus la radio. Parce que depuis que j'habite au bord de la mer, j'écoute le vent dans les dunes plutôt que France Culture. Parce que depuis que j'habite au bord de la mer, je lis beaucoup plus que je n'écoute.
Alors lire France Culture...tu n'imagines même pas le frétillement des neurones. A la limite de l'explosion.

Et puis le temps passe et impossible de mettre la main dessus. Le N°1, le 2, le 3 ...parce que les dunes tu vois, c'est chouette, mais tu n'y trouves pas tout.


Reste bien entendu la possibilité de s'abonner via un formulaire en ligne. Mais un abonnement à l'aveugle, même si j'ai relativement confiance, ça me tente moyennement.

Et un beau matin, voici que Babelio par le biais de Masse Critique m'offre le N°5.

Il sent bon, il est beau, il est doux, il est épais, il est tentant.

Tout me plaît.
La texture et les couleurs, du velours.
La mise en page, aérée et joliment policée.
Le format, agréable.

Et le contenu?
Parfait. Tu entends ce que tu lis. Très varié, tu peux passer d'un sujet à l'autre, faire des pauses, revenir en arrière à ton rythme (mieux que sur les ondes).
C'est une rediffusion (ou parfois pré-diffusion) d'un florilèges d'émissions, tantôt scientifiques, tantôt économiques, tantôt culturelles. Un joli mélange, de belles illustrations, quelques pépites. La finesse d'une recette réussie.
Et en dessert, tu as droit à une douceur théâtrale suivie d'un fondu de "papous".
Pas loin du bonheur.

Pour conforter mon éloge, j'ai été à la ville et me suis procurée le 3 et le 4, afin de vérifier que je ne me fourvoyais pas. Ils sont tous aussi intéressants, instructifs et distrayants.


Confortables aussi, au dire de Barnabé qui les a tout de suite adoptés (mais il trouve que c'est un peu intello, surtout pour un chat).


C'est décidé, je vais m'abonner et me procurer les deux premiers numéros qui manquent à ma désormais toute nouvelle collection.


Je ne peux que chaleureusement remercier Babelio et Bayard Presse.




France Culture Papiers #5, printemps 2013, éditions Bayard Presse
France Culture Papiers #4, hiver2012, éditions Bayard Presse
France Culture Papiers #3, automne 2012, éditions Bayard Presse

mardi 12 mars 2013

Minettes et pas midinettes

Tout l'art de Audur Ava Olafsdottir réside dans sa capacité à promener son lecteur. 
Tu lis une phrase et tu pars.
Strax.
Tout de suite.
Elle t'emmène au-delà des terres volcaniques de son île.
Ses mots dépeignent tout et rien à la fois. Indescriptible et si profond.
Tu lis la première phrase et tu embarques.
Strax.
"Quand je regarde en arrière,sans vraiment respecter à cent pour cent la chronologie, nous sommes là, serrés l'un contre l'autre, au milieu de la photo."
Tu vois ce que tu lis.

Tu souris quand à la toute fin tu découvres quarante-sept recettes de cuisine et une recette de tricot, dont celle-ci:
"CAFE IMBUVABLE
On peut préparer du café imbuvable de diverses façons, la manière la plus simple consistant à laisser le paquet de café ouvert quelques jours dans un placard avec les biscuits à la crème, les ampoules, les piles et les sachets de thé. On peut également faire du café très clair, de la couleur du thé. Enfin, une méthode infaillible consiste à réchauffer du vieux café, éventuellement au micro-ondes."
Essentielle.

Le livre est beau. Rose à figures géométriques. Tu le tiens tu le serres tu le regardes tu le caresses. C'est un prêt. Tu penses fort à celle qui l'a lu avant toi.


L'Embellie, Audur Ava Olafsdottir, éditions Zulma, traduction Catherine Eyjolfsson


vendredi 8 mars 2013

Légères lectures

Tu sais à quel point j'aime les livres. Les regarder, les toucher, les sentir, les laisser traîner, les ranger, les prêter (pas trop), les lire aussi.
Je ne savais pas que je serais capable d'aimer une liseuse. Impossible même, imaginais-je encore il y a peu.

Ma liseuse est un cadeau. Je ne l'ai pas apprivoisée facilement. Je la trouvais impersonnelle, pas très chaleureuse et surtout peu malléable.

J'ai fouiné dans les textes offerts au téléchargement, et j'ai décidé de lire les classiques que je n'avais jamais lus et qui ne sont plus soumis au droit d'auteur. Il s'agit de livres que je n'aurais jamais achetés spontanément, alors cette gratuité est une opportunité. Si je découvre des trésors je me les offrirai en chair et en papier, mais en attendant je les empile sur les rayonnages de la liseuse. 
Et je tourne les pages virtuelles avec bonheur. 
Parce que figure-toi que c'est très confortable, une liseuse. Tu peux te vautrer sous la couette avec juste un index qui dépasse, fini les mains gelées, fini les crampes du coude. Je te promets que tu en oublies vite le côté froid et rigide de l'appareil électronique. Le summum, c'est son poids. Une plume. 


Alors j'ai lu Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre. 
Depuis le collège il était dans la liste des livresquejauraisdûliremaisquejenaijamaislusmêmesijaifaitcommesi.

Et bien je suis ravie de l'avoir lu, et encore plus ravie de l'avoir téléchargé et qu'il ne prenne pas la place d'un vrai livre en papier et en os dans ma maison. Je te l'accorde, il faut replacer l'histoire dans son contexte et dans son temps. Mais franchement c'est un peu gnangnan, nan?

Histoire de contraster avec les fleurs bleues et l'eau de rose, j'ai lu La philosophie dans le boudoir et Justine ou les malheurs de la vertu du Marquis de Sade. Inutile de te faire un dessin, tu te doutes bien qu'il n'est ni question de fleurs bleues ni d'eau de rose ici. 
J'aurais cru que ce fut moins cru...mais ce n'est ni plus ni moins que du cul, à travers les âges et le temps, la pornographie reste la pornographie.
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