jeudi 29 septembre 2011

Mon H

"Les chiens pioncent, la lampe à gaz chuchote. La nuit ne tolère que le bruit d'un verre qui glisse sur la table et de l'Opinel qui tranche le pain. La salive s'avale, le tabac s'enroule et une mine se promène sur un cahier. J'ignore toujours ce que j'aime dans ce métier qui n'en est pas un. J'ignore pourquoi je suis heureux, assis sur le pas de la porte, à extraire du silence les murmures de la nuit. C'est devenu un rituel, un cérémonial réglé, dont je ne saisis pas toute l'ampleur."

Blaise Hofmann est le H de mon challenge ABC,  et c'est le H de bonheur. Ce texte relate la vie, la dureté, la solitude, et la sérénité du berger. Parce que tu vois dans la vraie vie, il y a encore des gens qui choisissent (ou pas) de conduire des troupeaux à l'alpage et de vivre à leur côté pendant quatre ou cinq mois. Des hommes qui aiment leurs brebis, les agneaux et les chiens, qui leur parlent quand la solitude est trop lourde à porter.
Avec Estive, on attrape son bâton de marcheur et on grimpe. On y va. On respire les fleurs des pâtures, on voit le soleil se lever, on est trempé quand il pleut et on est inquiet quand le passage est beaucoup trop escarpé que les pierres roulent sous les pas des bêtes et que ouf! celle-ci a failli déraper. On a froid la nuit, on a soif aussi quand le soleil cogne, alors on aime qu'un relayeur arrive pour deux jours et on redescend se rincer le gosier. On fait le tour de la saison et bientôt sonnera l'heure de la désalpe.



Estive, Blaise Hofmann, éditions Zoé Poche

vendredi 23 septembre 2011

Sniff-han

Ce titre c'est un cri de désespoir. Désespoir de l’Âne avec un grand A. 
Il était fier qu'on le dessine et qu'on en fasse le personnage principal d'une série dessinée, et puis voilà qu'il se retrouve avec le cerveau de Jean-Marie Bigard. Et ça lui plaît moyennement. Très moyennement même. 
Il se trouve somme toute assez beau, le trait lui convient...mais ces mots, d'où sortent-ils?
Tout y passe, les homosexuels, les femmes, les cabossés, le voile...un humour à la Brice Hortefeu, en somme.
En exergue, il est dit qu'on va le haïr au premier degré cet âne, mais l'adorer au second degré. Je n'ai pas atteint le second degré. Il n'y est pas. Il n'y a pas de second degré dans "Messieurs, pour bien connaître votre future femme avant de la conduire à l'autel, emmenez-la à l'hôtel" (trop drôle non? J'ai un peu mal de recopier de telles inepties sur mon blog), je ne citerai aucunes autres de ces "pensées" qui sont toutes du même acabit.

Et moi qui l'attendait avec impatience ce livre puisqu'il est un partenariat Babelio et les Editions A Contresens. Ma première participation au challenge Masse Critique de Babelio; j'étais fière d'avoir été tirée au sort et me préparais à écrire une chronique dithyrambique sur un texte qui m'aurait chaviré. Je n'ai pas seulement été chavirée, il s'agit d'un réel naufrage. Et désormais, je vais devoir assumer d'avoir cette bande dessinée dans ma bibliothèque. Pas facile.


Âne à thèmes, Les pensées de l'âne noir, Guy Michel, éditions A Contresens

lundi 19 septembre 2011

Prodigieuse écriture

Tracy Chevalier est en passe d'entrer dans le club de mes auteurs favoris. J'avais lu avec délectation La jeune fille à la perle, et voilà que je viens de terminer Prodigieuses créatures
Magnifique. Une écriture (une traduction) toute en finesse et en fluidité. Une Tracy Chevalier toujours aussi désireuse de mettre en avant la condition de la femme par le passé...
La femme dans la société, la femme intelligente qui plus est, passionnée, passionnante.
Parce que tu vois, cette auteure, elle a à coeur de souligner que depuis toujours le monde avance avec les femmes et même parfois grâce à elles. En nos temps "modernes" elle mériterait d'être lue sur la place publique afin que ses mots s'insinuent dans toutes les oreilles convaincues que la femme n'a pas sa place partout.
Prodigieuses créatures touche à la science mais d'une façon absolument pas rédhibitoire. Tout en délicatesse et en  subtilité. 

Prodigieuses créatures, Tracy Chevalier, éditions Folio, traduction Anouk Neuhoff

vendredi 16 septembre 2011

ça bat

Ces quelques minutes ou ces quelques heures que l'on garde tous, précieusement dans notre boîte à secrets. Ces instants qui nous liquéfient et font battre notre coeur à tout rompre dès qu'on y songe, ou qu'un mot, une image ou un son, nous les rappelle. Une odeur, une chanson, un bruit, une lumière, un froissement: tout est gravé. Tout est resté intact. Le coeur a la mémoire dure, infaillible.
C'est tout ça, ce texte.

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, Stefan Zweig, éditions Livre de poche, traduction Olivier Bournac et Alzir Hella


vendredi 9 septembre 2011

14 brosses à dents

Dernier point page 254. 
Ce livre m'a rappelé Le bizarre incident du chien pendant la nuit. 37 lettres. 
Les chiffres, la limite entre l'extrême sensibilité et la douce folie. 12 mots.
Cette Grace et ses différences...N'avons-nous pas tous quelques folies douces qui s'apparentent aux siennes?
Evidemment on n'use pas d'un stratagème insensé pour piquer la banane de celui qui est derrière nous à la caisse, parce que si on ne la fauchait pas cette banane l'équilibre de notre panier de courses, voire de notre soirée, (voire pire encore) serait fortement compromis, mais on a bien ces p'tites habitudes qu'on trouve "normales" en comparaison à celles des autres qui nous agacent, nos p'tites manies sans lesquelles on a l'impression que les choses vont de traviole, les manies des autres qu'on trouve absolument stupides. 1 rayon de soleil.
Ces êtres qui déraisonnent, qui dépareillent, qui ne rentrent pas dans le moule. Qui aiment totalement, qui détestent indubitablement, qui ressentent absolument, qui vivent sans concession, ou plutôt SI : avec beaucoup de concessions, mais les leurs. Celles qu'ils se choisissent ou s'imposent. 7 qui. 
Même si c'est dans la douleur, ce sont les leurs. 
Ces femmes et ces hommes que les autres jugent, parce que ça ne se fait pas de vivre selon ses propres dogmes. 

"La vie c'est se brosser les dents, se préparer un sandwich, regarder le journal télévisé ou attendre le bus. Ou marcher. 
Chaque jour des milliers d’évènements minuscules t'arrivent, et si tu ne les observes pas, si tu n'y prends pas garde, si tu ne les captes pas et ne fais pas en sorte qu'ils comptent, tu pourrais les rater.
Tu pourrais rater intégralement ta vie."

Tu pourrais rater intégralement ta vie, Toni Jordan, éditions Héloïse D'Ormesson, traduction également 

mercredi 7 septembre 2011

mardi 6 septembre 2011

Le mur du fond

Les critiques s'emballent à propos de ce livre, sans doute parce que ce qu'Arto Paasilinna a écrit précédemment était plutôt de bonne qualité. 
La couverture ainsi que le titre sont alléchants, pourtant la mécanique du Potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison ne fonctionne pas à tous les coups.
L'absurde est là, les personnages au comportement totalement improbable mais qui évoluent le plus naturellement du monde dans un univers loufoque aussi. 
Tout y est. 
Mais il y a ce fond. Dérangeant et au travers duquel je n'ai pas su passer. Je pense que pour qui ne s'y arrête pas, la lecture de ce livre prête à rire, mais je n'y suis pas parvenue.
Cette idée de séquestrer les malfaisants afin de leur faire payer leur faute en les obligeant à accomplir un travail de forçat au fond d'une mine reconvertie en champignonnière ne m'extorque pas un sourire.
J'essaierai de m'y replonger sous un autre angle, pour voir.

Le potager des malfaisants ayant échappé à la pendaison, Arto Paasilinna, éditions Denoël, traduction Anne Colin du Terrail

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