jeudi 27 décembre 2012

Ce livre vous est offert par votre libraire

Tu sais comme moi que les opérations deux livres achetés = un livre offert sont souvent la porte ouverte à de mémorables moments de lectures mortels (les moments). Ce n'est pas que les choix des éditions offertes soient systématiquement mauvais (il faut être bon joueur), c'est surtout que les pépites disparaissent avant que tu n'aies pointé ton museau.

Voilà donc que croupissait sur le piano depuis bien avant l'été un petit livre qui me semblait sans prétention. Un auteur que je n'avais jamais lu (ben non tu vois je ne suis pas si vieille finalement, je n'ai pas encore fait le tour de tous les écrivains du monde), et un bandeau qui soulignait le puissant pouvoir de séduction du texte.
Tu commences à connaître mon fonctionnement; ce bandeau me coupait littéralement l'envie de lire.

Puissant pouvoir de séduction. C'est ça. 
Du Luz Casal à lire. Le soleil du Portugal entre les lignes. Tu vois tout. Les cours, les robes, tu entends les voix dans les bistrots, les mères qui braillent aux fenêtres, tu cours dans les ruelles.

Va falloir que je m'intéresse de près à cet Antonio-là.


Dormir accompagné, Antonio Lobo Antunes, éditions du Point, traduction Carlos Batista

Sur le pont

Tu sais que j'aime les mots de Claudie Gallay. Tu sais qu'elle est mon exception. 
Sache qu'est arrivé le jour où elle ne m'a pas émue.
J'ai aimé les rues d'Avignon, mais le reste non. 
Trop pour moi. Trop facile, trop guimauve, trop.
Ah, j'ai aimé plus que tout l'idée de la présence d'Agnès (Varda). 
Très près de ce que je sais d'elle.
Le reste, je ne m'en souviens déjà plus.

L'amour est une île, Claudie Gallay, éditions J'ai Lu

mardi 18 décembre 2012

Entendre entre les lignes

Tu te souviens de cette jolie chanson de T.REX et des non moins jolies images de Billy Elliot posées dessus.

T. Rex - Cosmic Dancer by Billy Elliot Soundtrack on Grooveshark

Mais si tu t'en souviens, ce n'est pas si loin finalement.
Ferme les yeux et écoute. Tu les revois les images de ce petit garçon.

Figure-toi que c'est à lui que j'ai pensé tout au long de la lecture du Journal secret d'Adrien. L'Angleterre des banlieues ouvrières, (proches de celles de The Full Monty aussi), un humour et une tendresse inimitables.
Si le texte ne m'a pas accroché autant que je l'avais imaginé au départ, il m'a déroulé une bande originale du tonnerre au fil des pages.

Ce livre fait partie de la liste du défi-lecture des cinquièmes. Je crois qu'il n'a plu à aucun de ceux qui l'ont lu, filles et garçons confondus. Il me semble que Sue Townsend  n'a pas su oublier son recul d'adulte ce qui nuit à la crédibilité du texte, et crée un fossé entre ses mots et ceux des lecteurs auxquels il est destiné.

Tiens je te glisse un autre T.REX, juste pour le plaisir (j'imagine qu'il y a au moins un bison à qui cela caressera les oreilles...)

Hot Love by T. Rex on Grooveshark

Le journal secret d'Adrien 13 ans 3/4, Sue Townsend, édition Hachette Jeunesse, traduction Béatrice Gartenberg

dimanche 9 décembre 2012

Perdre le fil

Si par hasard tu te perds entre les lignes de Chroniques des Hémisphères, peut-être nous croiserons-nous. 
Je m'y suis égarée, non sans plaisir, mais j'ai éprouvé quelques difficultés à garder la tête hors de l'eau. 
Façon de parler puisque l'eau, c'est bien d'elle dont il s'agit. C'est elle qu'on cherche, qu'on espère, qu'on attend. 
Me sont revenues des images de Mad Max, entre autres choses assez confuses. 
J'ai dû souvent revenir en arrière afin de replacer les personnages dans l'un ou l'autre des mondes dans lesquels ils évoluent, ce qui tu l'imagines bien, a cassé le rythme et la poésie de l'histoire.


Ce livre est arrivé entre mes mains grâce à un partenariat entre Babelio -son opération Masse Critique- et Les Impressions Nouvelles que je remercie chaleureusement. 
Je vais à mon tour l'offrir au CDI du collège: je suis curieuse de voir quelles émotions il procurera et quelles réactions il suscitera auprès de son public de prédilection. Je crains que cela ne soit trop compliqué (bien que le début de l'ouvrage présente, carte à l'appui, les lieux et les personnages), mais les adolescents regorgent de ressources parfois inattendues et se plaisent dans les univers fastidieux, alors...

Chroniques des hémisphères T1,  Le bal des poussières, Katia Lanero Zamora, éditions  Les Impressions Nouvelles, collection Imaginaire

samedi 24 novembre 2012

Choisir

Je ne sais pas comment tu choisis tes livres. 
Chacun a sa façon de faire. La mienne, peu orthodoxe est totalement hasardeuse et instinctive.


Tu te souviens peut-être que l'été dernier j'avais baladé mon être dans les belles salles de l'hôtel de ville de Morlaix où s'étalaient les livres que la bibliothèque avait retirés de ses étagères.
J'aime beaucoup ce genre de vente, où tout se côtoie, où il ne faut rien chercher de précis, où il faut s'attendre à une rencontre, à une bonne pioche ou pas. 
Et où ma manière de faire en terme de choix est absolument à son aise. 
Je zyeute, je guette une couleur, un mot, une image, un format, une police...j'attends le détail qui me happe.










Ce jour là, un nom d'éditeur m'a sauté dans les bras: L'écailler du sud. 
J'ai ainsi passé un bon moment avec un auteur que je ne connaissais pas, dans les quartiers nord de Marseille. 











Un chat dans un chenil, Thomat Labat, éditions L'écailler du sud

mardi 13 novembre 2012

Des cailloux

La vie de Loeïza se résume à quelques cailloux posés sur un meuble. Moi aussi j'aime les cailloux. J'aime les cailloux qui disent d'où ils viennent, qui racontent, qui respirent un souvenir. 




















J'ai attrapé ce petit livre de Frédérique Niobey parce que j'avais quelques minutes à occuper, et je me suis retrouvée sans y être préparée dans un petit appartement d'une tour de banlieue à écouter du Bach en regardant la ville du dessus, entre Loeïza et une ado du coin.
Il émane de ce livre une douceur et un pétillant qui caressent joliment l'âme. Un mélange des genres si bien écrit qu'on en oublie les clichés autour desquels il tourne.


Loeïza, Frédérique Niobey, éditions du Rouergue

vendredi 2 novembre 2012

Batz, là-bas

Tu ne le sais peut-être pas, mais j'ai au fond de moi un doux rêve. Batz. Qu'elle devienne mon île. Que je devienne sienne plutôt.
D'autres plus argentés que moi (parce que tu te doutes bien que l'immobilier sur une île n'est pas à la portée d'un petit budget) ont pu franchir le chenal avec leur fatras.
Guénaëlle Baily-Daujon est de ceux-là. De celles qui contre vents et marées ont choisi de s'incruster, de s'accrocher à l'envie de devenir insulaire. Beaucoup disent qu'on ne le devient pas. On l'est ou non. 
Elle ne l'est pas.
Elle l'a écrit.
Je n'ai pas adhéré à tous ses mots. J'ai aimé ses portraits d’îliens, j'ai cependant été gênée de savoir qu'il s'agissait de vrais gens. J'ai aimé sa façon claire d'avouer à quel point son expérience fut difficile.
Elle n'altère pour autant pas mon doux rêve.

D'ici, Batz


"L'implicite breton consiste à accorder la plus grande importance à tout ce qui ne se dit pas. C'est dans les silences, les regards que l'on communique. Quand j'ai demandé à Jacques ce que signifiait être îlien, il m'a répondu: "C'est s'asseoir à deux sur un banc près du port, et regarder les bateaux pendant plus d'une heure sans se dire un mot."

Là-Batz, le roman d'une île, Guénaëlle Baily-Daujon, éditions Intervalles

vendredi 26 octobre 2012

Zzzzz zzz zzzzZZzzZZz

Il est des livres qui nécessitent plusieurs lectures. Pour mieux s'en imprégner. Pour mieux lire entre leurs lignes. Pour en digérer la lourdeur. 
Les Agents Littéraires m'ont offert un partenariat avec les éditions Société des écrivains pour un livre intitulé Jeux de mouches. Je ne me suis pas renseignée sur l'ouvrage avant de le recevoir, afin de rencontrer ces mouches sans aucune attente particulière. 
Sauf que j'en avais une quand même d'attente, celle suggérée par le titre. J'attendais un livre léger sur le monde vu par les mouches (c'est ainsi mon imagination n'a aucune limite).
Sauf qu'il ne s'agit pas de ça du tout. Sauf que ce que voient les mouches n'a rien de léger.
"Sur la vitre, une goutte précipite les autres; elle grossit, s'attarde, langoureuse et brillante. La nuit s'éclaire de toutes ses luisances. On dirait des petits cristaux incandescents, des flammèches bruissantes. Puis tout se perd et s'éteint dans la masse sombre et rugissante. L'inondation a maintenant immergé tout le premier étage. La lumière, aux lampes vacille et menace d'obscurité. J'ai six ans et j'ai peur."
Sous ses airs de poésie, ce texte recèle une douleur profonde qui ne se laisse pas approcher facilement. On s'égare parfois dans les méandres du passé qui se mélange au présent, mais l'écriture de Béatrice Mazzuri est telle que cette perdition est envoûtante. C'est un peu comme se noyer dans un tableau, on en ressort tourneboulé et avec quelques pigments accrochés au corps.

Merci à la société des écrivains et bon vent aux agents littéraires...

Jeux de mouches, Béatrice Mazzuri, éditions Société des écrivains

samedi 20 octobre 2012

Féline lecture

Un petit roman policier pioché au hasard, la couverture qui te fait te demander si ce n'est pas un roman jeunesse qui s'est trompé de rayon, et finalement une lecture agréable, une intrigue qui dénonce délicatement les dysfonctionnements de certains services du ministère de l'intérieur.
Et les chats.

Au fond de l'oeil du chat, Serge Quadruppani, éditions Métaillé


jeudi 18 octobre 2012

Monsanto expliqué aux ados

Quand Maya n'est pas une abeille ni un peuple, elle est une planète.
Quand les extra-terrestres ne sont ni petits ni verts, ils sont une espèce de croisement entre le serpent et la loutre.
Les gentils sont comme à l'accoutumée un vieux sage et un jeune intrépide amoureux d'une jolie bêcheuse.

Frédérique Lorient -que je découvre avec ce texte- réussit allègrement l'exercice de style estampille de la collection Soon, à savoir : amener le lecteur à réfléchir sur l'impact que les agissements de l'humain peuvent avoir sur le reste du monde. 

Ce livre est la version accessible à un jeune lecteur du "monde selon Monsanto", une oeuvre de science fiction particulièrement bien écrite et absolument captivante. 
C'est aussi une belle allégorie de la colonisation à outrance et du génocide indien, soulignée subtilement par cette belle citation en exergue: 
"Tout ce qui fait le pouvoir de l'univers se fait dans un cercle. 
Le ciel est rond et j'ai entendu  dire que le terre est ronde comme une balle et que toutes les étoiles le sont aussi [...] Le soleil s'élève et redescend dans un cercle. La lune fait de même et tous les deux sont ronds. Même les saisons forment un grand cercle dans leurs changements et reviennent toujours où elles étaient.
La vie de l'homme est dans un cercle de l'enfance, jusqu'à l'enfance, et ainsi en est-il pour chaque chose où le pouvoir se meut." 
Black Elk, chef sioux de la tribu des Oglalas
(Pieds nus sur la terre sacrée, T.-C McLuhan) 


J'émets une petite réserve sur la fin trop attendue, mais je vais de ce pas me replonger dans quelques Barjavel  de mes vingt ans.

Apocalypse Maya, Frédérique Lorient,  éditions Syros, collection Soon

lundi 1 octobre 2012

Deuxième traversée

Tu imagines quatorze écrivains français ensemble à bord du Transsibérien dans le but d'écrire un texte pour l'année France-Russie 2010.
Tu imagines un livre qui serait à la fois: une chanson de Juliette Gréco -la sensualité de sa voix-, le visage de Jeanne Balibar, la voix de Charles Berling, des paysages à te couper le souffle, le bruit du train (rappelle-toi, je te l'ai déjà fait écouter ici).
Tu as compris l'alcool et la folie, l'amour et l'éloignement.

Illustration de la couverture du livre
Ce train m'avait déjà emportée sous la plume de Maylis de Kerangal, si je le peux, je vais lire les textes des  autres auteurs embarqués dans cette aventure.

L'alcool et la nostalgie, Mathias Enard, éditions Babel

jeudi 20 septembre 2012

J'adore Shä

T'as déjà remarqué qu'il y a des livres qui te sautent dessus?
Toi, tu demandes rien, tu regardes distraitement les nouveautés à la bibliothèque et soudain tu sens quelque chose frémir sur l'étagère qui surplombe la table sur laquelle tes yeux sont baissés. Tu lèves la tête prudemment et là, hop tu te retrouves avec une lourde bande dessinée lovée dans les bras. Tu la regardes, elle te sourit, alors tu l'embarques.
A peine rentrée, tu t'installes au soleil et tu l'ouvres.
Tu restes vingt bonnes minutes à regarder ça:

Image internet, Anne Montel























Vingt minutes au moins parce que tu voudrais être sûre que chaque petit dessin est unique. Il l'est. Tu es embarquée, tu rencontres Salomé et Shä et tu les aimes immédiatement. Tu aimes leurs traits, tu aimes leur humour (et pourtant tu peux pas saquer les poneys), tu aimes leurs différences, tu adores le jeu des feuilles mortes, et tout le reste.

Image internet, Anne Montel

Et la dernière page te conforte dans ton idée que parfois les livres te sautent dessus.

Tu peux plonger dans les blogs des auteurs si tu veux:

Shä et Salomé, Jours de pluie, Anne Montel et Loïc Clément, éditions Jean-Claude Gawsewitch

mardi 18 septembre 2012

Comme il en parle

Y en un a qui s'la pète un peu à la radio avec Pascale Clark, qui joue les sales gosses, qui parfois accroche mon oreille, mais souvent m'indiffère. 
Ce qui m'indiffère moins, c'est qu'on le publie facilement. 
Parce que c'est lui. 
Pas parce qu'il écrit des textes inoubliables. Loin de là.
Babelio m'a gentiment proposé son dernier chef-d'oeuvre... le pire de tout, c'est qu'en plus de raconter sa vie, il y recycle ses chroniques matinales. 
Ceci dit, il est lucide le Nicolas:

"Chiant.
-A ce point?
-Pire. A gerber. Le mélange d'amour parfait et de conseils à ton fils: ultra merdique."

Ces quelques vérités lancées par son éditrice doivent être le passage le plus cité du livre, et crois-moi ça fait même pas rigoler les mouettes.

Sans rancune monsieur Babelio, mais je préfère quand vous m'envoyez de jolis textes...


L'amour est déclaré, Nicolas Rey, éditions du Diable Vauvert

samedi 15 septembre 2012

L'autre, funeste miroir

L'enfermement. A deux. Le calvaire.
La Prison de craie est un lieu où non content d'enfermer les coupables, on les enferme à deux. A deux et totalement nus, débarrassés de leurs vêtements, mais aussi de tous autres attributs. Ni miroir, ni crayon, ni écrit, rien dans les cellules. L'autre devient son reflet, l'autre devient l'objet de toutes les haines ou de toutes les convoitises.
L'enferment et l'insupportable promiscuité, l'image de ces corps nus couverts de la poussière blanche des murs de craies, les défis nécessaires pour se prouver qu'ils existent, soulignent l'absurdité de l'emprisonnement. 
L'envers du monde, l'envers de l'humanité, l'enfermement.


Prison de craie, Jean Serrano, éditions De Borée


mercredi 29 août 2012

Et quatre et cinq et j'aime encore

Tu peux trouver ça un peu midinette, mais je boulotte la série avec délectation. J'aime j'aime j'aime. Sans doute que les circonstances du moment font que j'accroche à tous ces personnages dignes de sit-com. J'aime j'aime j'aime. J'aime la légèreté avec laquelle le grave est traité, j'aime la loufoquerie, j'aime qu'on se batte pour conserver des marches en bois, j'aime un peu moins quelques unes des aventures rocambolesques trop caricaturales, mais j'aime me laisser transporter de l'autre côté de l'Atlantique. 
Sans avoir le mal de mer. 
Du bonheur.































Babycakes, Armistead Maupin, éditions 10/18, traduction Pascal Loubet
D'un bord à l'autre, Armistead Maupin, éditions 10/18, traduction Gwenaël Hubert

jeudi 16 août 2012

Mauvais rôle

Je sais pas toi, mais moi Nicolas Fargues, je n'y peux rien. J'avais lu One man show  (pas de souvenirs immémorables) quand il était sorti, J'étais derrière toi (un peu mieux mais sans plus), l'année dernière, et là je viens de terminer Beau rôle. Je crois que je l'avais commencé en octobre. J'ai dû le recommencer d'ailleurs, parce que je ne me souvenais pas de grand-chose.
Là maintenant je sais que ce sera mon dernier Nicolas Fargues.
Il tourne autour de son sujet (lui-même un peu fantasmé?) sans donner vraiment envie au lecteur d'aller à sa rencontre. 
Ce livre avait été bien reçu à sa sortie il y a quatre ans, il avait même reçu le prix Vaudeville...il ne sait pas vieillir, ou peut-être que je ne sais pas le lire.

Beau rôle, Nicolas Fargues, éditions Folio

lundi 13 août 2012

Trois polars, un euro...et rien de plus

Si comme moi tu as l'achat livresque compulsif, tu as sans doute pioché dans les "un livre offert pour deux achetés" de cet été. 
Parmi les livres offerts, je n'ai pas toujours la main heureuse. 
Cet été c'est encore le cas. 
(Ceci dit, j'ai connu pire, j'ai lu un livre de K. Pancol par ce biais-là, une fois).

J'avais choisi Le bal des débris de Thierry Jonquet plutôt confiante. Je connaissais l'auteur pour l'avoir déjà lu et apprécié, mais ici rien d'inoubliable dans ce polar avec un service de gériatrie pour décor et une fin (même si elle est assez drôle) beaucoup trop téléphonée. Cette aventure-là serait bien allée au Poulpe, et dans ce cas précis je l'aurais peut-être même aimée.

Seconde pioche, pas franchement meilleure. Un autre jour, un autre présentoir, et je glisse Les visages d'un jeune auteur américain, et grand prix des lectrices de ELLE 2010. Je n'ai rien contre les lectrices de Elle en particulier, mais j'aurais dû me méfier. Je saurai pour la prochaine fois: nous n'avons pas les mêmes valeurs.

Bon jusque-là, mon portefeuille n'avait pas été sollicité, alors je ne peux tout de même pas trop ronchonner (d'autant que je n'ai pas encore lu les livres que j'ai acheté pour avoir gratos ceux précédemment cités)...mais pour le troisième, j'ai tout de même déboursé un euro (vente des bibliothèques de Morlaix) et j'étais persuadée de découvrir un auteur qui me titillerait, puisque cette pioche à un euro était éditée chez Zulma que je chéris.
Encore raté. 



On peut pas gagner à tous les coups.


Le bal des débris, Thierry Jonquet, éditions du Point
Les visages, Jesse Kellerman, éditions du Point, traduction Julie Sibony
TEA, Max Genève, éditions Zulma Poche

dimanche 5 août 2012

Pas de ton âge

Bohringer j'aime depuis un temps où je n'avais pas l'âge d'aimer Borhinger. J'avais 20 ans, je le lisais, je l'adorais dans Diva, j'écoutais sa musique. Je lisais aussi Philippe Léotard, je pleurais quand je l'entendais parler ou chanter; dans un théâtre accompagnée d'une amie, je l'avais écouté chanter Ferré, perdues que nous étions au milieu d'une génération qui n'était pas la nôtre. 
Léotard, si je veux passer un moment avec lui, je dois fouiner dans mes étagères, mais Bohringer, je croise  encore ses mots nouveaux.
Et je me les prends en plein coeur.
Surtout là maintenant, où j'imagine trop bien cette chambre d'hôpital et le reste.
"Je ne sais pas écrire des histoires à la troisième personne, j'écris ce qui vient, ce qui est venu et j'appelle ce qui viendra."
"Ça faisait longtemps que je n'avais pas enjambé l'entrée du cabaret de la dernière chance, avec des danseuses en blouse blanche, funambule dans la nuit étoilée, avec des souvenirs de petit enfant, de marronniers en fleurs et de femmes désaimantes."  
Tu peux trouver totalement impudique de cracher son ressenti comme ça. Je trouve ça touchant. Simplement. Partial, si tu veux. Partial sans aucun doute: je vomirais ce texte s'il émanait de quelqu'un qui m'horripile.

Je te laisse écouter Léotard en pensant à Bohringer

Mr William by Philippe Léotard on Grooveshark
Traîne pas trop sous la pluie, Richard Bohringer, éditions J'ai Lu

jeudi 26 juillet 2012

Fil de lecture #12

Mon chien Stupide, John Fante, éditions 10/18, traduction Brice Matthieussent

mercredi 25 juillet 2012

Première

Tu sais que j'aime piocher au pif dans les livres de la bibliothèque. 
"Il y en a un qui est en nouveauté depuis plus d'un an et qui n'a jamais été emprunté", me chuchote la dame de la biblio.
Forcément je suis tentée, je ne recule pas quand je lis le titre: Berceuse pour un pendu. Une année sans être ouvert, pas très étonnant avec un titre si peu engageant.
Et dès les premières pages, des trésors, quelques inégalités dans l'écriture, mais un univers à la Kundera et de vrais trésors, comme ça:

"Nous sommes sortis. Je me suis appuyé au capot, me délectant de l'extraordinaire spectacle, et Szymon a pris dans la voiture son maillot de bain et sa serviette qu'il a étendue par terre comme le fond les baigneurs à la plage de Miedzyzdroje. Il s'est complètement déshabillé et a enfilé son maillot bleu, a sorti son archet, son violon, l'a accordé et a demandé: Tu ne te baignes pas, n'est-ce pas? et avec son violon il est entré dans le champ de lupins. Il allait de l'avant, lentement, tenant son instrument au-dessus de sa tête, comme s'il ne voulait pas le mouiller, comme s'il barbotait dans les vagues. Il marchait sans s'arrêter, il allait de l'avant, jusqu'au moment où il s'est transformé en petit point blanc, on ne voyait plus que son buste, ses jambes étant enfouies dans les lupins, et son maillot bleu se fondait dans la couleur des fleurs.
[...]
Il s'est immobilisé, j'ai entendu une douce musique en provenance du champ. C'était un air serein, mélodieux, en parfaite harmonie avec le lieu. Si Szymon s'était barbouillé de bleu, on aurait pu croire que c'étaient les lupins qui jouaient, que les fleurs avaient en elles des cordes et des caisses de résonance. Le vent s'est levé. La mélodie s'est mêlée à son souffle. Un orchestre philharmonique au coeur de la mer [...]"

Ce magnifique texte est un hommage à un violoniste tellement poète qu'on hésite à croire en la maladie qui le hantait. 
Ne crains pas le titre, plonge. 


 Berceuse pour un pendu, Hubert Klimko, éditions Belfond

jeudi 19 juillet 2012

Je lis mais je me soigne

Oui bon ben ça va, j'ai lu le troisième... mais je suis déjà allée deux fois en librairie depuis sans chercher le suivant. 
C'est la suite tu t'en doutes, les aventures un peu tordues et tirées par les cheveux continuent, mais c'est une lecture qui relègue les soucis au second plan. Tu lis et tu te marres et tu souris et tu te dis "nan pas ça quand même", mais c'est du bonheur.
Il ne faut pas oublier qu'à la base, ce texte paraissait quotidiennement chapitre après chapitre dans la presse. Ce serait peut-être encore mieux de le déguster à ce rythme-là. J'essaierai avec le tome 4.


Autres chroniques de San Fransisco, Armistead Maupin, éditions 10/18, traduction Pascal Loubet

vendredi 29 juin 2012

Chat aide à aimer la pluie

L. me l'avait proposé, il voyageait déjà, M. me l'a envoyé. J'ai alors reçu un chat qui venait du ciel. 
C'était le quatrième, j'en avais déjà eu trois, des chats qui venaient du ciel. Le premier avait joué l'étoile filante, un peu comme celui du livre, les deux autres sont notre lot de douceur et d'espièglerie quotidienne.
Si tu as un chat, si tu SAIS le chat, tu peux lire ce joli texte. Si tu ne comprends pas ce que tes voisins, amis, collègues, parents, ennemis, amoureux...  si tu ne comprends pas ce que les autres que toi trouvent dans une relation avec un chat, laisse passer ce livre. Il te hérisserait autant qu'il m'a caressée.

Le chat qui venait du ciel, Takashi Hiraide, éditions Picquier poche, traduction Elisabeth Suetsugu

Affection chronique

J'ai pas pu m'en empêcher, j'ai boulotté la saison 2 dans la foulée. Pour l'instant je vais m'arrêter là et essayer de  terminer quelques uns de la dizaine de livres en cours qui n'attendent que moi. Essayer de n'en commencer aucun autre, essayer de résister à la tentation, essayer de ne pas croiser la saison 3 de ces chroniques addictives.

Nouvelles chroniques de San Fransisco, Armistead Maupin, éditions 10/18, traduction Pascal Loubet

mardi 26 juin 2012

Chroniques à grignoter

Tu sais comment c'est quand tu viens de cuire un pain d'épices. Ça embaume, tu te dis non il faut attendre qu'il refroidisse, et dans la minute qui suit tu en coupes une petite tranche pour voir. Le bout bien croûté. Tu le coupes en deux parce que quand même faut pas exagérer. Entre temps forcément, ça refroidit un peu. Alors tu vas en rechercher une lichette. Et puis de miettes en miettes, tu finis par en avoir mangé un bon bout. 
C'est pareil avec Les chroniques de San Fransisco (bon ça va, ben non je ne les avais jamais lues...). C'est pareil parce que tu empoignes le bouquin en te disant que tu vas juste jeter un oeil, et tu le poses parce que tu as autre chose à faire, et tu le reprends parce que c'est découpé de telle sorte que tu peux bien en relire un morceau, vite fait . Finalement tu le reposes et tu louches déjà sur le deuxième volet.
Te voilà embarqué dans une maison bleue adossée à la colline, enfin c'est pas tout à fait ça, mais c'est la même époque, plus ou moins la même aventure, en plus détaillé, en plus long, en plus drôle. Tu vois presque passer le cable car.


Les chroniques de San Fransisco, Armistead Maupin, éditions 10/18, traduction Pascal Loubet

Fil de lecture #11

Le Montespan, Jean Teulé, éditions Julliard

samedi 23 juin 2012

Suite et fin et poc

Je l'attendais. Je l'avais même réservé à la bibliothèque. J'avais plus ou moins imaginé une fin, mais elle me semblait tellement facile et prévisible que je trépignais de lire l'autre, celle que Murakami avait échafaudée. 


Je ne peux décemment rien te raconter sauf ma déception d'avoir deviné très vite les dernières pages de cette aventure. Sauf mon ressenti à peu près aussi plat qu'un carrelet (pourtant c'est joli un carrelet) devant cette fin digne de... digne de je ne peux pas trop la décrire si tu lis et que tu as envie d'aller au bout.
Si j'avais su, j'aurais juste lu les deux premiers, pour le rêve et l'insaisissable.

rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrRRRRR

1Q84, livre 3, Haruki Murakami,  éditions Belfond, traduction Hélène Morita

mercredi 13 juin 2012

L.

Y en a une qui m'a envoyé un livre. 
Pour me pommader le coeur. 
Pour me dorloter la pensée.
Longues peines, ça s'appelle. Rien que le titre tu te dis (et elle se l'est dit aussi, t'inquiète): mais elle est folle ou quoi? Comment pommader avec un truc pareil?
Eh ben je te le dis, ça pommade.
Parce que des horreurs pire que tes peurs, ça fait du bien. Parce que c'est tellement criant de vérité que ça en devient invraisemblable et drôle. Parce qu'il y a de la justesse et du cynisme dans cette écriture. Parce qu'un directeur de prison qui revêt la layette de ses enfants pas nés c'est surréaliste. 
Jean Teulé, je ne l'avais jamais lu. Je croyais qu'il m'énervait, je croyais que je n'aimerais pas ses livres. 
Une erreur de jugement.
Faut faire attention à pas se tromper, dans les jugements.









 Longues peines, Jean Teulé, éditions  Pocket

jeudi 7 juin 2012

Frugal

Frugal, c'est un mot qui revient souvent dans 1Q84.
Ce texte est un miracle. Un rêve, une douleur, des questionnements, de la philosophie et des repas frugaux.
Je ne peux rien te dire de l'histoire. D'abord parce que je n'en ai lu que les deux premiers livres pour l'instant, et ensuite parce que c'est une histoire qui ne se raconte pas. Sauf les repas frugaux. 
Un repas frugal ici, c'est une tranche de jambon sur le pouce, une tomate et une pomme ou un yaourt.
Chez Murakami, la préparation d'un dîner frugal c'est ça:
"Il mit de l'eau à chauffer dans une grande casserole, et, en attendant qu'elle frémisse, il ébrancha les haricots de soja, puis les saupoudra de sel sur la planche à découper, bien uniformément. il les plongea ensuite dans l'eau bouillante.
 [...]
Tengo éminça finement une bonne quantité de gingembre. Puis il coupa du céleri et des champignons en julienne, hacha menu de la coriandre. Il décortiqua les crevettes et les rinça à l'eau du robinet. Il les étala sur du papier absorbant, les ordonna soigneusement, l'une à côté de l'autre, comme une rangée de soldats. Une fois les haricots de soja cuits, il les sortit de la casserole, les mis dans une passoire et les laissa refroidir. Après quoi il mit sur le feu une grosse poêle à frire, y versa de l'huile de sésame blanc qu'il répartit uniformément et y fit revenir le gingembre à feu doux.
[...]
Il mit le céleri et les champignons dans la poêle, monta le gaz au maximum et mélangea le tout à l'aide d'une spatule en bambou, en agitant légèrement la poêle. Il assaisonna sa préparation d'un peu de sel et de poivre. Quand les légumes commencèrent à s'attendrir, il ajouta les crevettes égouttées. Il remit encore du sel et du poivre puis versa un petit verre de saké. Il ajouta rapidement de la sauce soja et enfin parsema le tout de coriandre."

Source image internet

 1Q84, livre 2, Haruki Murakami,  éditions Belfond, traduction Hélène Morita
 

vendredi 1 juin 2012

Deuxième couche

En plus des koalas qui tuent, il y a les wombats qui se vengent. Il est terrible l'univers de Kenneth Cook. 
C'est tordant, c'est mordant, ce sont des histoires complètement dingues mais auxquelles tu croirais sans peine, si Kenneth (ouais je me permets de l'appeler Kenneth, je pense qu'il me connait bien maintenant) te les contait de vive voix, accoudé au comptoir devant une pinte de Foster's.
Tu y crois au type qui s'endort ivre mort dans son vivarium, tu crois sans hésiter qu'un koala pue l'essence d'eucalyptus à 10 miles à la ronde et que s'il rote à proximité d'une flamme de briquet les tours jumelles s'effondrent. Tu crois à tout. Et en plus tu te marres. 
Que demander de plus?
























Le problème après ces livres, c'est que même lui (oui UNE tortue peut être un garçon), je ne sais plus s'il est aussi inoffensif qu'il n'en donne l'impression...

La vengeance du wombat et autres histoires du bush, Kenneth Cook, éditions Livre de Poche, traduction Mireille Vignol

mercredi 30 mai 2012

Pommade

Mon monde parallèle est un entrelacs de parkings d'hôpitaux, de couloirs et de salles d'attente. De chambre d'hôpital sinistre aussi. 
C'est tout un art d'y lire. D'en oublier les odeurs, les bruits, les conversations, les regards des uns, les angoisses des autres. 
Se dire qu'à chaque fois qu'on repensera à ce livre, il sera associé à ce monde-là.

Heureusement, jusque là j'avais dans mon sac un livre de fou. Un livre qui t'emporte, un livre qui fait se contorsionner ceux assis sur les mêmes chaises inconfortables que toi, parce qu'ils veulent savoir, pourquoi tu souris, pourquoi tu ris alors que tu es là, dans cet endroit détestable.
Et toi tu te dis que tu as vraiment bien choisi, parce que c'est aussi invraisemblable que ta réalité du moment, parce que c'est une suite d'histoires courtes, tu peux donc sans perdre le fil, faire des pauses ou t'endormir sur cette banquette en cuir comme hier. 

Et parce que c'est à mourir de rire, surtout quand on peut pas blairer les koalas. (Pourquoi? Ah ben il faut le lire pour ça!)



Le koala tueur et autres histoires du bush, Kenneth Cook, éditions du Livre de Poche, traduction Mireille Vignol


lundi 28 mai 2012

S'échapper

La lecture a toujours été mon plaisir. Je lis voracement, avec délectation, avec emportement, je lis naturellement. 
Je lisais, naturellement, jusqu'à ce que ma vie bascule dans un monde parallèle il y a quelques jours.
Les premières heures j'ai cherché l'échappatoire dans un livre toutes les dix minutes. Je ne parvenais pas à me concentrer, la lecture devenait une corvée. J'ai compris qu'il fallait alors que j'aborde les livres d'une autre façon, comme un sacerdoce.
J'y suis, je me force et passe d'un monde à l'autre plusieurs fois par jours. Comme on respire.
"J'aimerais que vous vous souveniez d'un point, c'est que les choses et l'apparence c'est différent."
J'ai traversé le premier livre de 1Q84, l'écriture m'a plu, le reste je ne sais pas encore mais je crois. Il faut que je lise la suite pour en être bien certaine.

1Q84, Haruki Murakami, éditions Belfond, traduction Hélène Morita

lundi 7 mai 2012

Le monde à tes pieds pour deux euros

Tu vois des fois tu attrapes un livre comme ça, parce que tu patientes à la caisse, parce que deux euros c'est pas cher, parce que chez toi c'est compulsif, tu veux des livres dans ta maison, dans ta voiture, dans ton sac, dans ta culotte tu serais même cap s'il le fallait.
Et puis tu te poses à une table de bistrot et en attendant tu feuillettes tes achats. Les choisis, les prévus et celui-là. L'inattendu.
Et quand tu le reposes, ton café est froid, et le livre est lu. En entier. Il n'est pas épais, mais quand même.
Il parle de liberté, d'amitié, mais au fond ce n'est pas ce qui compte.
Ce qui compte, ce sont les mots. Leur magie. Une écriture ensorcelante.
Tu le savais toi que Saint-Exupéry était un sorcier littéraire?

"Il n'est plus d'uniformité. Tout s'oriente. Un silence même n'y ressemble pas à l'autre silence. Il est un silence de la paix quand les tribus sont conciliées, quand le soir ramène sa fraîcheur et qu'il semble que l'on fasse halte, voiles repliées, dans un port tranquille. Il est un silence de midi quand le soleil suspend les pensées et les mouvements. Il est un faux silence, quand le vent du nord a fléchi et que l'apparition d'insectes, arrachés comme du pollen aux oasis de l'intérieur, annonce la tempête d'est porteuse de sable. Il est un silence de complot, quand on connaît, d'une tribu lointaine, qu'elle fermente. Il  est un silence du mystère, quand se nouent entre les Arabes leurs indéchiffrables conciliabules. Il est un silence tendu quand le messager tarde à revenir. Un silence aigu quand, la nuit on retient son souffle pour entendre. Un silence mélancolique, si l'on se souvient de qui l'on aime."


Lettre à un otage, Antoine de Saint-Exupéry, édition Folio

dimanche 29 avril 2012

Un tour au comptoir

Parce que dans une autre vie, je te l'ai déjà dit, mon taf c'était patronne de bistrot, j'avais écrit ça, pour la feuille de chou de mon quartier:
Dans quelques décennies, quand on évoquera les cafés, on dira :
 " Souvenez-vous, c'était ces drôles d'endroits dans lesquels les gens de toute sorte se côtoyaient, se saluaient et parfois, souvent même, s'adonnaient à une activité des plus curieuses: ils se parlaient. Chacun se souciait des autres. Les tenanciers s'inquiétaient du moral et de la santé de tout le monde. On n'apercevait pas le petit monsieur de la rue là-bas pendant deux jours, on envoyait quelqu'un frapper à sa porte pour s'assurer que tout allait bien.
On les appelait bistrots, troquets, caboulots, estaminets, comptoirs...
Ils étaient de vrais lieux de vie. Là, que les enfants étourdis à la porte venaient attendre leurs parents, là que les papys esseulés venaient caresser l'espoir de trouver une oreille attentive à leurs soucis, ici que les lycéens venaient réviser leurs cours et goûter aux joies du baby-foot, ici encore, que le solitaire venait chercher un peu de réconfort au fond d'une bouteille. C'était là aussi que les mal-réveillés entamaient leur journée et que les pas-fatigués la terminaient. 
C'était des endroits qui sentaient bon le café fraîchement moulu et qui respiraient la joie de vivre. Il se passait mille vies au café du coin."
Bienheureux de passer devant le café d'en bas tous les jours, profitons-en, poussons la porte et allons y rencontrer notre voisin. 
Tu imagines bien  que quand j'ai vu ça, je n'ai pas résisté.




Mon petit texte a une dizaine d'années, le livre de Pierrick Bourgault a un mois.
Ils disent la même chose.
Que deviendront les vrais gens lorsque tous les bistrots du monde seront devenus de belles brasseries proprettes?
Où iront les errants, les pas communs, les pas commodes, ceux qui parlent, ceux qui disent, ceux qui exultent?


Je te rappelle que ce challenge est initié par elle.


L'écho des bistrots, Petite confidence sur les cafés, pubs, tavernes et autres buvettes, Pierrick Bourgault, éditions Transboréal

samedi 28 avril 2012

Du culte de la personnalité

Me voilà à relire L'évangile selon Pilate, de Eric-Emmanuel Schmitt. Il fait partie de la liste de lecture de notre club de lectrices de la biblio, d'où cette reprise en mains. 
J'en avais gardé un souvenir plutôt intéressant, je me rappelais avoir aimé ce point de vue de l'histoire d'un type plutôt ordinaire, qui parce qu'il est suivi par d'autres devient ce que l'on sait. Fils de. Crucifié et la suite.
Evidemment j'imagine qu'il est plus compliqué de le lire pour quelqu'un qui croit. Moi je ne crois en rien sauf en les papillons et les fleurs des champs.
Ce qui m'a interpellé au cours de cette relecture, en pleine période électorale, c'est ça:
"Caïphe n'a jamais cru à la sincérité du Nazaréen, il n'y a vu qu'une magnifique campagne pour rallier les esprits faibles à sa personne, lever une armée d'une puissance redoutable, une armée dont les armes sont la foi, la solde le salut."
 L'évangile selon Pilate, Eric-Emmanuel Schmitt, éditions Albin Michel

vendredi 20 avril 2012

Des nouvelles d'Israël

Si tu meurs d'envie de savoir ce qu'il advient de tes mensonges, ce qu'il se passe dans la tête d'une goyave, ce que peut être la vie d'une hémorroïde, pourquoi tu préfères ton chien à ton conjoint, et tant d'autres choses oscillant entre l'absurde et le farfelu, rue-toi de toute urgence sur ce petit délice de 200 pages.
Tu ris, ensuite tu réfléchis et tu pleures, parce que sous le clownesque se cache l'horreur.
Un auteur que je découvre, il est cinéaste et auteur de bandes dessinées. 
J'espère avoir l'occasion de t'en parler encore.


Au pays des mensonges, Etgar Keret, éditions Actes Sud, traduction Rosie Pinhas-Delpuech

mercredi 18 avril 2012

Mordre la poussière

Si tu n'aimes ni la bière ni le steak de kangourou congelé, ne t'enfile pas dans ce Cul-de-sac, devenu Piège nuptial dans sa dernière traduction.
Si tu aimes le western australien abracadabrantesque, alors vas-y.
"Morale de l'histoire: on peut foutre sa vie en l'air rien qu'en tombant amoureux d'une carte."
Je n'avais jamais rien lu de ce Douglas Kennedy tant porté aux nues. C'est fait. J'ai attaqué avec son premier roman qui semble-t-il serait le meilleur. Je ne suis pas certaine d'avoir aimé. 
Le rouge, la poussière, relevés de traits noirs, j'ai aimé: tu lis un roman, tu vois une bande dessinée. 
L'histoire complètement invraisemblable, j'ai moins accroché: tu suis des personnages auxquels tu ne crois pas. Comme ces personnages dessinés qui en s'animant se rendraient compte qu'ils n'ont qu'une face.

Il va falloir que j'emprunte d'autres bouquins de ce monsieur-là. Il va falloir que je sache si j'aime ou pas ce qu'il écrit.


Piège nuptial, Douglas Kennedy, éditions Pocket, traduction Bernard Cohen

vendredi 13 avril 2012

Trete trete trete trete

Tu l'entends là, ce bruit qui te berce?

Trete trete trete tretetete

C'est parce que tu es dans le Transsibérien, c'est ça ce bruit.
Ben si, regarde il y a Aliocha là-bas, recroquevillé contre la vitre arrière du dernier wagon. Il regarde sa vie s'eloigner.

Trete trete tretete

Ici il y a Hélène, qui fume. Et dans son cagibi, la provodnitsa (la gentille, celle de l'autre bout, la blonde, ce n'est pas la même chose...) qui remplit le samovar.

Trete tretete trete tretete tretetete

C'est quoi ces cris et ces bruits de portes de cabines qui s'ouvrent et se ferment?
Ah c'est le lac. Le Baïkal.
Regarde.
"[...] lac infini, les rives en pente douce, les hameaux de villégiatures déserts, les isbas de bois, le rivage si proche sans la moindre vague, à peine un clapotis, on capture tout ce qu'on peut pendant que le lac demeure visible, et s'étire, velouté, lisse, miroir du ciel, pas une ride sur l'eau, seule une barque solitaire quasi immobile dans le soir qui tombe [...]"

Tretete tretete trete trete tchou hou






Tangente vers l'est, Maylis de Kerangal, éditions Verticales, collection Minimales 



mardi 10 avril 2012

Un Souchon peut en cacher un autre

Lorsque j'ai sorti ce livre de ses rayonnages à la bibliothèque, je n'ai pas du tout fait le rapprochement entre ce Souchon-là et le Souchon-chanteur qui me touche tant.
Pour tout dire, je m'intéresse tellement peu à la vie privée des gens connus, que je ne savais par conséquent pas que le second avait un frère écrivain. Je ne savais pas non plus que leur mère écrivait aussi. Plutôt des romans à l'eau de rose, surtout pour subvenir aux besoins de ses enfants, si j'ai bien lu.
Et voilà que ce Souchon-là (Patrick) me raconte la mère et l'histoire de la famille de ce Souchon-là (Alain). Il écrit ce que j'avais cru entendre dans les chansons de son frère. La disparition tragique du père, la vie de la mère, la grand-mère, le Loir-et-Cher, ce château que la mère s'offre, comme on s'offre une tenue d'apparat. Ce château que je connais, des amis de ma mère habitaient ce village-là.
Désormais j'entendrai encore d'autres choses dans les chansons d'Alain. Merci Patrick.

On avance by Alain Souchon on Grooveshark


La chanson de Nell, Patrick Souchon, éditions Grasset

vendredi 6 avril 2012

Lire à en avoir les chocottes

Tu imagines le type. Il a 39 ans et il publie son premier roman. Il cartonne. 
Toi, tu lis, tu accroches à tel point que tu ne le lâches pas avant la fin, tu flippes un peu, et tout le long tu penses au type qui  a écrit. Qui a grosso modo le même âge que toi et grosso modo la même culture. Qui a pondu un bon livre grand public. Mais qui a grandi comme toi dans ce monde où tout transparaît, où on dit au grand jour ce qui était caché avant, où on comprend que l'esprit de l'humain est sacrément tordu. 


 Tu te dis alors qu'une bonne tasse de thé et La petite maison dans la prairie, ce sera pas mal, avant d'aller dormir.


Avant d'aller dormir, S.J. Watson, éditions Sonatine, traduction Sophie Aslanides

mercredi 4 avril 2012

Léonard

Tu te souviens, j'avais eu une histoire avec Michel-Ange, à Constantinople. Cette fois, c'est son rival que j'ai rencontré.
Moins de poésie dans les mots de Sophie Chauveau, mais comme Mathias Enard elle t'emmène à la rencontre d'un homme.
Et quel homme. Léonard de Vinci, le génie. Dépravé, et génial.
De bouges en coulisses royales, ce livre te balade dans l'Italie de la Renaissance, du faste et de la peste.
On y  apprend un homme obsédé par son corps, obsédé par son art, obsédé par la science, obsédé par sa capacité d'invention.
"Inachevée, sa vie, comme sa Bataille d'Anghiari, comme sa si chère statue équestre, comme La Cène dont tous les voyageurs lui disent qu'elle a été ravagée par une inondation, comme ses canaux tracés, ses palais jamais édifiés, ses inventions à jamais au secret de ses carnets. Sa machine à voler, son plus cinglant échec. Son pire regret."
Tu comprends qu'il ne reste malheureusement que quelques miettes de son oeuvre.
Mais quelles miettes.


L'obsession Vinci, Sophie Chauveau, éditions Folio

mardi 3 avril 2012

Fil de lecture #10

Le septième fils, Arni Thorarinsson, éditions Métailié NOIR, traduction Eric Boury

dimanche 1 avril 2012

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Il y a des pages qu'il faut ingurgiter puis digérer avant d'en parler ou même d'y repenser. Anticorps est de ces pages-là.

"C'est ainsi. Nous nous sommes habitués l'un à l'autre. Comme l'on fait avec les choses qui ne nous conviennent qu'à moitié, j'ai admis, avec les temps, la possibilité de mon mari."

Les mots de Fabienne Kanor te rentrent dedans. En plein. 
Tu voyages en pays que tu n'osais imaginer puisque toi, tu es libre. 
Elle te semble à la limite de l'indécence, ta liberté d'être. 
Pourtant tu le sais bien, tu en connais, tu en as côtoyé de près de ces femmes-là, soumises, malheureuses, aliénées à leur situation tordue. Mais parfois, tu les oublies.

"Déterminée, du moins en théorie, à changer le monde, j'ignorais alors que j'étais un pion dans la matrice. Une femme comme une autre, condamnée au vieillissement, à plus d'emmerdes, à moins d'amour. Sous ma robe dont les rayures se dressent comme des barreaux, je sens pointer mes poignées de haine."

Fabienne Kanor  image France ô
Ne les oublions plus.









Anticorps, Fabienne Kanor, éditions Gallimard, collection Continents Noirs

dimanche 25 mars 2012

Et toc!

Non non, je n'hibernais pas, je suis juste un peu submergée ces temps-ci. Mais je lis quand même, un peu, et pas toujours dans la bonne humeur, pour couronner le tout.

Comment dire : voilà un opuscule à ne pas mettre entre toutes les mains. Mon histoire avec Les Agents Littéraires (http://www.les-agents-litteraires.fr/) ne démarre pas de la plus belle manière, dans la mesure où je suis loin de faire l’éloge du premier livre que je reçois par le biais de leur entremise.
J’en suis bien désolée, d’autant qu’une collection proposant des Abécédaires illustrés, destinés aux ados me réjouissait d’avance. Et me voilà en train de tourner chaque page en ronchonnant, parfois même en m’indignant à voix haute.
Je suis pourtant une fille, libre. Je vis ce que j’ai choisi, je ne fais pas de concession quant à quelconque discrimination homme/femme, mais j’ai été épouvantée par ce livre. A trop vouloir mettre en avant la femme en tant que telle, il en ressort une caricature ultra-féministe. Défendre la cause de la femme est nécessaire et une bataille de tous les jours, mais ici cela se fait au détriment et au mépris de l’homme, ce que j’ai trouvé particulièrement dommageable.
Il existe d’autres opus dans cette collection, que tu peux découvrir ici : http://et-toc.gulfstream.fr/, et il est possible de proposer les thèmes des prochains abécédaires en écrivant là : et-toc@gulfstream.fr

Image Editions Gulf-Stream


PRECIEUSES, pas ridicules, Charlotte Bousquet, illustration Stéphanie Rubini, éditions Gulf Stream, collection Et Toc!

dimanche 11 mars 2012

Détournement

En Suisse, l'humour frise souvent avec le surréalisme. C'est une particularité qui vaut son pesant de cacahuètes. Et en voilà un beau, de pesant de cacahuètes.


Rien ne vaut les images alors je t'en glisse quelques unes de ce livre trouvées sur le net, au crédit de Plonk & Replonk. Je laisse aussi le lien de Plonk & Replonk. Plonk.

Laisse-toi aller. Ris.


nb: c'est  encore mieux si tu regardes avec l'accent suisse...



mardi 6 mars 2012

Prove you're not a robot

Ma deuxième participation à Masse Critique n'est pas plus enchanteresse que la première et j'en suis fort désolée.
Les ados, je connais bien, ils sont mon quotidien professionnel, alors j'avais choisi ce livre plutôt confiante.
Quelle déception. On y découvre, sous la forme d'un abécédaire, des objets  plus que des individus. Même sous couvert de l'étude psycho-sociologique, je n'apprécie pas le fait qu'une catégorie d'individus soit traitée de la sorte: vu du dessus sans avoir l'air de vraiment les côtoyer.
J'ai lu de façon linéaire les 100 premières pages, avant de piocher de façon plus aléatoires dans cet abécédaire. J'imaginais que casser l'ordre alphabétique établi rendrait un peu d'humanité au sujet.
Je me suis trompée. 
Madame Texier a trop oublié que son sujet d'observation était vivant.


Adolescences Contemporaines, Dominique Texier, éditions Eres

dimanche 26 février 2012

Citizen Kane (ou presque)

Au lycée, j'ai ingurgité Citizen Kane à n'en plus pouvoir. Il faisait partie des films incontournables au programme de mon option cinéma. Pas facile au début (à quinze ans fin des années 80, Orson Welles ne faisait pas franchement partie de nos rock-stars de prédilection), j'ai appris à aimer et apprivoiser ce chef-d'oeuvre du cinéma, puis s'est amorcée la période ou mes camarades et moi, on n'en pouvait plus de Citizen Kane, de Hearth et son Rosebud. Les années ont passé, la magie a opéré, l'indigestion est loin derrière, et celui-là, autant que Le Mépris (Godard), Le Septième Sceau (Bergman), M. le Maudit (Fritz Lang) et les autres sont bien rangés dans les cases de ma petite tête et je les retrouve avec délice désormais. 

Et voilà que cette semaine je prends totalement au hasard un livre dont je n'ai jamais entendu parler, de l'auteur non plus d'ailleurs. Et me revoilà dans Citizen Kane. Ou presque. 

Tout au long du livre (qui n'a absolument rien de commun avec ce film), des images ou des sons venaient se superposer aux mots que je lisais. Juste à cause du mystère que le personnage central entretient sur son identité et son histoire. Un véritable bonheur au fil des pages, qui justifie sans conteste de se frotter à toutes les cultures, même celles qui nous semblent trop obtuses, même quand on a quinze ans. Surtout quand on a quinze ans.

Welles, image du web 
Le Mépris
M. le Maudit

L'Homme sans empreintes, Eric Faye, éditions Stock

jeudi 23 février 2012

Engourdissement

Parfois, j'émets quelques inquiétudes quant à ma capacité de compréhension. Je lis et rien ne relie les phrases entre elles, les personnages non plus.
J'ai lu Alaska, j'ai aimé l'atmosphère du livre, j'ai aimé les personnages les uns indépendamment des autres, mais je n'ai pas réussi à comprendre ce qui les liait réellement.
Mais c'est peut-être ça l'Alaska: des hyper-solitudes qui se côtoient. Brut. Sans concession. L'irréalité de ces nuits pendant lesquelles il fait jour, et de ces journées qui demeurent entre chien et loup. Le froid, cinglant. 
Ou alors c'est moi qui ne comprend rien à rien.



Alaska, Eugène Nicole, éditions de l'Olivier
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