vendredi 30 décembre 2011

Pchit

Je savais que j'avais déjà lu le premier. En les relisant, je me suis rendue compte que j'en avais lu deux en fait. Manifestement cela ne m'avait pas laissé de souvenirs impérissables, alors j'ai stoppé l'aventure en terminant le troisième (il y en a cinq, si ça te tentes).
Faire sa bio à trente ans, même chroniquée, quand on a eu une enfance et une adolescence plutôt communes, même en brodant et en enjolivant les choses pour faire "mieux", ou les empirant pour faire "pire", n'est pas l'idée la plus originale de Samuel Benchetrit.

Chroniques de l'asphalte 1,2 et 3, Samuel Benchetrit, éditions Julliard et Grasset

mercredi 28 décembre 2011

Mesoke*

Voilà exactement le type de livre que je n'aurais jamais lu de ma propre initiative. Un titre que j'associais à une saga qui je le savais d'avance ne me plairait pas (je crois que j'ai un peu trop de préjugés en matière de littérature).
Un hasard heureux fit qu'il se retrouva parmi d'autres livres, listés pour des lectures communes à notre petit groupe de lectrices (ben oui, nous ne sommes que des filles) abonnées à la bibliothèque.
Et figure-toi, que j'ai beaucoup aimé ce livre. Le style un peu -fiction télévisuelle de l'après-midi- m'a fort agacée au début, mais passant au-dessus de ça je me suis laissée happer par cette histoire de femmes blanches échangées à des Cheyennes contre des chevaux. 
J'ai associé ce texte à beaucoup d'images de Jeremiah Jonson et quelques unes de Danse avec les loups. L'approche et les mots sont parfois maladroits, mais il s'agit d'une plongée dans la culture et la vie des Indiens Cheyennes au 19ème stupéfiante de réalisme.
Je regrette vraiment que le style du livre ne soit pas du même accabit que celui des carnets de May Dodd (personnage de fiction) dont il s'inspire et dont plusieurs passages sont retranscrits.

"Et nous revoilà en marche...Nos chevaux trottant partent retrouver la plaine, où le Peuple suit le bison, lequel suit l'herbe verte qui, elle, naît de la Terre."
(Extraits des journaux de May Dodd) 

 Mille femmes blanches, les carnets de May Dodd, Jim Fergus, éditions du Cherche Midi, traduction Jean-Luc Piningre


*Hirondelle

mardi 27 décembre 2011

C'est çui qui dit qui y est

Tu te souviens, j'avais beaucoup aimé Les poissons ne connaissent pas l'adultère, c'était léger, enlevé, plein de fantaisie. Alors, bien que le titre du précédent bouquin (son premier en réalité) de Carl Aderhold ne m'inspirait pas beaucoup de finesse, j'ai démarré la lecture assez confiante.
J'ai très vite déchanté. C'est un texte très lourd, le sujet drôle au départ devient rapidement grotesque, le tout parsemé de jeux de mots de bas étages. Les évènements se produisent exactement comme on les attend au moment où on les attend, une belle déception en tous les cas.

Mort aux cons, Carl Aderhold, éditions Livre de poche



samedi 24 décembre 2011

Cher Emmanuel,

Je ne doute pas une seconde que vous lisiez tout ce qu'on écrit sur vous, alors je m'adresse à vous directement. J'avais pensé qu'on aurait pu se tutoyer, mais pour cette fois je m'en tiens au vouvoiement.
Je viens de terminer Limonov.
Je dois dire qu'au cours des soixante-dix premières pages, je me suis vraiment demandée ce qui faisait le succès de ce livre. Je n'arrivais pas à entrer dedans, la phrase de Poutine en exergue me dérangeait, je ne voyais pas bien l'intérêt de certains passages plutôt triviaux. 
Je soupirais et ronchonnais pas mal en constatant qu'il me restait encore beaucoup, beaucoup de pages à lire (oui vous n'êtes pas au courant vous, mais je n'abandonne jamais un livre, sauf Les bienveillantes, mais si vous suiviez un peu mieux mes lectures, vous seriez au courant).
Heureusement la météo était plus propice à la lecture qu'à la flânerie en bord de mer.
Alors je me suis bien installée et accrochée à ce pavé. 488 pages quand on n'a pas l'impression d'adhérer c'est un beau pavé.
Et puis, je me suis laissée emporter. J'ai marché dans cette histoire qui avait jalonné ma vie de lycéenne puis d'étudiante jusqu'à aujourd'hui. Je vous avoue que beaucoup de personnages que l'on croise dans votre texte ne m'étaient pas inconnus, alors que cet Edouard je n'en avais jamais entendu parler.
Je dois dire que finalement j'ai plus été intéressée par ses rencontres et les évènements dont il a été témoin que par son propre personnage.
Je ne peux pas vous faire croire que je vais classer votre livre dans la liste de mes préférés, il me laisse un souvenir circonspect pour l'instant. Ceci-dit, le déroulement de l'actualité russe m'amènera peut-être à le relire prochainement.


Bien à vous,








Ps: je vous remercie d'avoir pensé à moi, et d'avoir fourni l'explication du choix de la phrase d'exergue. 


Limonov, Emmanuel Carrère, éditions P.O.L

mardi 20 décembre 2011

Relire encore et encore

La relecture c'est mon truc à moi. Encore plus de plaisir que la lecture. Je ne sais pas d'où ça me vient.
Il y a les livres que je relis régulièrement d'une traite, ceux dont je relis des passages, une page, ceux que je feuillette pour m'arrêter sur un chapitre, et ceux que je relis par touche sur plusieurs semaines.

Ces derniers temps, c'était L'insoutenable légèreté de l'être, le sucre à saupoudrer sur les mots des autres. Quelques pages le soir après avoir fermé un autre livre. Toute une après-midi à l'ouvrir de temps en temps, un autre jour. Et aujourd'hui je l'ai terminé, pour la combientième fois?
Quatre, cinq, je ne sais pas exactement. Je sais que la première fois c'était ma mère qui me l'avait mis entre les mains, je devais avoir 16 ans, 17 peut-être?

Cette lecture-ci a été particulière: je n'ai pas pleuré à la mort de Karénine, jusque-là, j'avais sangloté à chaque fois. Cela sonne peut-être le signal de la lecture ultime. Pourtant le reste du texte m'a touchée autant que les fois précédentes.
Rien ne vieillit, ni le style, ni les personnages, ni ce qu'ils vivent.
C'est véritablement le livre de l'intemporalité.
"J'ai toujours devant les yeux Tereza assise sur une souche, elle caresse la tête de Karénine et songe à la faillite de l'humanité. En même temps , une autre image m'apparaît: Nietzsche sort d'un hôtel de Turin. Il aperçoit devant lui un cheval et un cocher qui le frappe à coups de fouet. Nietzsche s'approche du cheval, il lui prend l'encolure entre les bras sous les yeux du cocher et il éclate en sanglots [...]
Et c'est ce Nietzsche-là que j'aime, de même que j'aime Tereza, qui caresse sur ses genoux la tête d'un chien mortellement malade. Je les vois tous deux côte à côte: ils s'écartent tous deux de la route où l'humanité, "maître et possesseur de la nature", poursuit sa marche en avant."

L'insoutenable légèreté de l'être, Milan Kundera, éditions Folio, traduction François Kérel 

vendredi 16 décembre 2011

Le monopole du coeur

Y a des livres qui font fredonner. Chantonner. Du joyeux. Du triste. Du mélancolique.
Tu te délectes des mots. 
On y parle d'une littérature que tu ne lis pas d'ordinaire, et tu aimes quand même, parce qu'il y a ce petit quelque chose qui résonne en toi. Qui chatouille ton coeur.
Il y a tant de niveaux de lecture possibles, qu'à peine terminé tu serais prêt (e) à recommencer le premier chapitre.
Tu aimes beaucoup le tarot, cette idée de "garde contre" que Lise doit mener à bien  pour comprendre sa plus belle histoire d'amour te réjouit. 
Tu cherches avec elle. Tu imagines des possibilités. 
Tu reliras, c'est sûr.

L'Excuse, Julie Wolkenstein, éditions P.O.L

Fil de lecture #8

L'étoile du diable, Jo Nesbo, éditions Gallimard collection Série Noire, traduction Alex Fouillet

vendredi 9 décembre 2011

Chhhhhhhhhhh...t, lis

"Mon nom est Soledad.
Je suis née, dans ce pays où les corps sèchent, avec des bras morts incapables d'enlacer et de grandes mains inutiles.
Ma mère a avalé tant de sable, avant de trouver un mur derrière lequel accoucher, qu'il m'est passé dans le sang." 

Quand tu liras le Coeur Cousu, tu liras sous la délicieuse plume de Carole Martinez, l'histoire de Soledad et de sa famille. Des filles surtout.
Tu liras du surnaturel qui te semblera tellement opportun et naturel que tu y croiras.
Tu frissonneras.
Tu poseras ce livre lourd sur tes cuisses, tu renverseras ta tête en arrière et tu serreras les bras. Pour imaginer plus. Pour imaginer mieux.
Tu sentiras la poussière du sable, mais cela ne te gênera pas.
Tu liras les secrets qui se transmettent chez les filles de cette famille. Tu liras la magie dans les doigts de Frasquita, la mère. Doigts de fées, on la disait sorcière.
Tu liras la méchanceté des simples. La rudesse de la pauvreté.
Parce que tu vois, tu le liras. J'en suis sûre.

"Et comme le monde est plus petit qu'il n'y paraît, comme les routes ne sont pas si nombreuses qui descendent vers le sud, comme les belles histoires ne s'oublient pas, mais se transmettent au gré des époques des régions, des conteuses, et que tout le monde se souvenait des fables [...]"

 Le coeur cousu, Carole Martinez, éditions Gallimard

jeudi 8 décembre 2011

Total respect






Mon aventure aux côtés des éditions Transboréal continue, et de belle manière. Si tu te promènes dans mes autres Jardins, tu sais quel regard je porte sur Dame Nature.


"A quatre pattes dans les feuilles mortes, le nez au ras du sol, retourner les pierres pour voir ce qui se cache dessous. Sortir la loupe pour admirer un être de quelques millimètres. Se demander comment il voit la vie." 


Attention, hein, quand tu retournes une pierre, soulèves une feuille ou déplaces un vieux morceaux de bois, tu le fais tout délicatement, et tu ne te laisses pas distraire par quelque chose qui volerait au-dessus de toi, tu observes, sans trop traîner et tu remets tout bien en place.

Dans ce petit opus Benoît Fontaine nous emmène à la chasse à l'escargot, à travers le monde. 
A travers son monde de naturaliste. Cet univers où tout est détail, où l'oeil et l'oreille sont sans cesse aux aguets. Ce monde à part, une bulle de folie aux yeux des non-initiés, une bulle de délectation et de joie d'enfant pour qui veut bien s'y intéresser.

Ma planète en quelque sorte.


























La quête du naturaliste, Petites observations sur la beauté et la diversité du vivant, Benoît Fontaine, éditions Transboréal

dimanche 4 décembre 2011

Palissade de lapalissades

Si tu hésites sur le fait que l'eau mouille, si tu n'es pas convaincu(e) que sourire t'offre une journée plus agréable que trogner dans un coin, alors tu peux ouvrir L'homme qui voulait être heureux.
Sinon, lis autre chose.

L'homme qui voulait être heureux, Laurent Gounelle, éditions Anne Carrière

samedi 3 décembre 2011

Du domaine du sublime

Tu te souviens, quand tu étais petit(e) et que tu mangeais des cerises. Si tu tombais sur une belle noire, bien joufflue, tu la roulais dans tes joues comme un énorme bonbon, et quand enfin tu la perçais d'un coup de dent, son jus sucré coulait sur ta langue. Tu mâchais lentement et tu suçais le noyau, tout l'après-midi, pour la garder encore, cette cerise.

Les mots de Carole Martinez sont autant de ces belles cerises que tu pourrais rouler dans tes joues. Son écriture donne envie de rouler chaque mot l'un après l'autre et de le dire à voix haute, mais pas trop fort.
Je t'en prête quelques uns,

 MURMURES                                               ESCLARMONDE         

cathédrale Saint-Jean, Besançon
                       EUSSES                                                                              PIERRES

          
              LOTHAIRE               
                              ROSES            FEE                              
                                                       FENESTRELLE

HAGIOSCOPE           


                                         LA LOUE             




Du domaine des Murmures, Carole Martinez, éditions Gallimard         


jeudi 1 décembre 2011

Un peu maso sur les bords





Tu commences à connaître un peu mes habitudes de lectrice: quand je commence, je termine. 
Même si je n'aime pas, même si je saute des lignes (des pages des fois), je termine. Toujours. 
Sauf  Les Bienveillantes. Celui-là je n'avais pas pu, même en sautant des lignes. D'y repenser suffit à me donner la nausée.

J'ai appris au lycée à savourer les pages qui me plaisent et à balayer les autres.
Et là, j'ai bien balayé. Bon faut dire que j'ai un peu abusé. J'avais détesté le premier: Le livre sans nom. Je t'avais prévenu(e), je suis un peu maso. 
472 pages, le deuxième. Et je les ai lues (bon j'ai sauté des lignes, et pas mal de passages sur "comment on assassine un vampire, comment on découpe, comment ça gicle et tout ça").
Mais tout le monde a l'air de trouver ça tellement bien, que je commençais à me dire que j'avais raté un truc à la lecture du premier.
472 pages plus tard je confirme que je n'ai rien raté du tout.

Comme pour pas mal de trucs en fait, je n'ai pas vraiment les goûts de tout le monde. Voilà.







L'oeil de la lune, éditions Sonatines
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