mercredi 30 novembre 2011

Comme quoi, des fois hein

Delphine de Vigan, je n'avais jamais lu. 
Mon côté râleuse qui se méfie des gens dont on parle beaucoup, ronchonnait sur le fait que forcément, madame de Vigan devait bénéficier de l'effet "compagne de" François Busnel: France Inter, presse, téloche... Bref je doutais fortement.
Alors j'ai empoigné Les heures souterraines (parce que quand même, je n'allais pas tomber dans le panneau et acheter celui dont on parle, d'autant que l'autre est en poche...)

Et là.

Là, j'ai découvert un livre et un auteur.

Les heures souterraines (pour les retardataires de mon espèce), c'est un livre sur l’anéantissement. Au travail.
Comment de tout, par la volonté et le machiavélisme d'un seul, on devient moins que rien. 
Dans ce livre on entend tout. 
On entend le silence de Mathilde, la douceur de sa personne, le paisible de son cocon. Le silence de son bureau. Son nouveau bureau. Sans fenêtre.
Et le bruit s'insinue.
Les toilettes contiguës à son nouveau bureau (écoute: jet d'urine, chasse d'eau, sèche-main), les couloirs et les open-space (les pas des autres, les rires des autres, les copieurs des autres, les sonneries de téléphone des autres), la brasserie (le percolateur, la radio, les autres qui parlent),  le métro (les crissements, les portes, le brouhaha).
Le silence des autres.


Ça m'apprendra. A avoir des préjugés. Je me suis pris une 'tite claque. Voilà.


Les heures souterraines, Delphine de Vigan, éditions Livre de poche

mardi 29 novembre 2011

L'indécision

Je ne sais pas si j'aime Luis Sepulveda ou pas. 
Certaine fois oui, d'autres fois non.
Ses Histoires d'ici et d'ailleurs sont un recueil d'anecdotes ou de coups de gueule qui ont ponctués sa vie.
Certaines pages ont déjà été publiées dans La Montagne.
Et ça sent un peu le livre alimentaire, très irrégulier, dans la qualité des choix, dans l'écriture.
Mais dans l'idée, j'ai envie d'aimer quand même.


Histoires d'ici et d'ailleurs, Luis Sepulveda, éditions Métailié

lundi 28 novembre 2011

S'en remettre au vent

Une nouvelle aventure en compagnie de la collection "petites philosophies du voyage". 
Cette fois-ci, j'ai embarqué à bord de Saturnin avec Christophe Houdaille, j'ai observé quantités d'oiseaux (un albatros m'a jeté un regard intrigué), j'ai entendu le vent claquer dans les voiles (néophyte je n'ai pas retenu toutes les dénominations), j'ai été aux Kerguelen, doublé le Cap Horn (même pas eu peur). On a navigué aux côtés d'énormes cachalots et patienté au soleil dès que le vent se faisait attendre. 
Le roulis des mots ne m'a pas retourné l'estomac...il y a longtemps que je n'avais pas été sur l'eau sans être malade, merci monsieur Houdaille.

"A l'oeil qui le contemple, l'océan ne se présente pas en trois dimensions, mais en deux. Le paysage maritime possède cependant un caractère unique, qui tempère, et même contredit l'impression première de monotonie: son mouvement incessant, son perpétuel renouvellement, indéfiniment modelé par le vent. [...]
Courbes convexes ou concaves s'élançant vers le ciel, crêtes effilées ou mastodontes à la lourde puissance, les lames défilent sous les yeux, rattrapant le voilier, le berçant, le secouant parfois. Soudain une éclaircie déchire le ciel. Les zébrures d'argent défilent le long du bord, comme un rideau de soie qui tenterait d'envelopper le navire." 
 
Le chant des voiles, Petites pensées sur la navigation hauturière, Christophe 
Houdaille,  éditions Transboréal



jeudi 24 novembre 2011

Le coeur qui tape, l'estomac qui se serre, les oreilles qui bourdonnent

C'est inhabituel, je glisse la couverture de ce que j'ai relu hier. 
C'est parce que c'est chez moi. 
L'image, et l'histoire aussi.

Et  pas très loin de moi, cette histoire.

Je l'avais emprunté à la bibliothèque à sa sortie, mais il m'avait brûlé les doigts ce texte. Trop proche. Des points/poings communs dans les faits, un peu, pas tant en réalité. Mais émotionnellement, c'est tellement presque moi que s'en est troublant.

"Tu es mort enfin."
 "Indiscutablement, tu étais fou à lier. Comment ne nous en sommes-nous pas rendu compte à l'époque? C'était une folie insidieuse, tu savais donner le change, aux yeux de tous tu étais juste autoritaire, un peu caractériel."

Le crieur de nuit, Nelly Alard , éditions Folio

mercredi 23 novembre 2011

A la folie

La première fois que j'avais lu La mauvaise rencontre, il n'y a pas très longtemps (ben oui, en plus de lire plusieurs livres à la fois, j'aime assez me replonger dans ceux qui m'ont troublée), j'avais été mal à l'aise et presque agacée. 


Je dis agacée, parce que j'avais deviné vite le "secret" de l'histoire (jeu de mot un peu moyen autour de Philippe Grimbert, l'auteur, qui comme chacun sait a aussi écrit Un secret, plutôt bon d'ailleurs), je m'égare, j'avais donc deviné assez vite, et ça en général, ça me gâche le plaisir. 
Mais, il y a de l'insidieux dans ce texte, et l'insidieux pour le cerner, il faut relire. Et chercher les petites traces qui s'accumulent.
Après ma belle rencontre avec Michel-Ange, en voilà une autre, pas si mauvaise que ça. 

La mauvaise rencontre, Philippe Grimbert, éditions Grasset

mardi 22 novembre 2011

Pas besoin de sucre ni de remuer

Un soir au club se savoure tel quel. 
Une bonne gorgée de jazz, un peu de swing, un bol d'amour, une pincée de désespoir.
Une écriture de miel.
Il suffit de quelques heures pour l'absorber et le laisser fondre délicatement sur la langue.

Un soir au club, Christian Gailly, éditions de Minuit

lundi 21 novembre 2011

Inoubliable rencontre

Si je m'étais doutée qu'un jour je rencontrerais Michel-Ange en vrai. Que je boirais dans les tavernes avec lui, que j'admirerais Constantinople à ses côtés. Que même, je passerais des nuits allongée contre lui.
Le reste, ce sont peu de batailles, peu de rois et des éléphants. 
Enfin un. Et un pont. J'oubliais le pont.

"-Puis-je vous poser une question, maître?
-Mais bien sûr.
-Qu'avez-vous fait toute la nuit à la lueur de la bougie? Avez-vous travaillé au pont?
Michel-Ange sourit de la curiosité naïve du traducteur.
-Non,au risque de te décevoir, non. Je me suis attelé à une tâche bien plus ardue, mon ami. Un vrai défi.
L'artiste sent que la réponse ne satisfait pas entièrement son interlocuteur, qui reste immobile, la main sur la porte.
-J'ai dessiné un éléphant, ajoute-t-il." 

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, Mathias Enard, éditions Actes Sud 

dimanche 20 novembre 2011

Mauvaise pioche


J'ai déjà lu plusieurs livres de Rankin. Je n'en ai pas gardé de souvenirs impérissables, mais pas non plus de mauvais.
News Book (que je remercie) avait proposé un partenariat avec les éditions du Masque (que je remercie), et qui concernait Rankin. 
J'étais ravie d'avoir été sélectionnée: enfin un partenariat qui allait me permettre d'écrire une critique élogieuse.
Raté.
Pas d'inspecteur Rebus cette fois-ci.
C'est un roman policier sans intrigue réelle et sans rythme. Je me suis profondément ennuyée, et me suis revue au lycée avec entre les mains "le livre qu'il faut absolument terminer pour demain parce qu'on va avoir une fiche de lecture à rendre"...Une calamité.

L'idée était pourtant alléchante: une bande d'experts en peinture, amoureux d'oeuvres rares, qui organise un casse dans les réserves d'un musée juste dans le but de libérer les tableaux de leurs rêves. 

Je ne me rappelais pas que le style fût aussi niais, peut-être est-ce un problème de traduction cette fois-ci, mais je te livre quelques phrases piochée au hasard, dignes de la VF d'une série télé américaine des 70's.
"La flûte de champagne qu'il serrait dans son poing avait l'air au bord de l'asphyxie." (p20)
"La bouche de Laura restait ouverte sur un cri silencieux, comme si l'arrivée de la police l'avait laissée sans voix..." (p318)
Ne manque que le générique de Magnum.

Je suis assez désolée, j'aimerais bien être bon public et trouver les livres que je reçois extraordinaires, mais cette fois encore c'est impossible.


 Portes Ouvertes, Ian Rankin, éditions du Masque, traduction Stéphane Carn

vendredi 11 novembre 2011

Iran

Quand j'étais petite, l'Iran, c'était la guerre. Les rares fois où j'en voyais des images, ça me terrifiait.

Plus tard l'Iran s'est matérialisé avec B., un client du matin au bar. Il était très beau, il parlait peu, buvait du café, lisait notre Libé, puis l'Equipe et s'en allait jouer aux échecs. Un beau mystère. Et parfois, il s'arrêtait le soir, et là après quelques verres, il parlait.
Beaucoup.
De ce pays qu'il avait fuit. Qu'il aimait, mais qu'il détestait aussi. Il disait que ça lui fendait le coeur mais il n'y retournerait jamais. J'entends encore son bel accent grâce auquel je n'avais plus du tout peur de l'Iran.

Ensuite j'ai lu Persépolis (de Marjane Satrapi). Un autre regard, assez proche de celui de B.

Et aujourd'hui, Le goût âpre des kakis. Exquis. Délicieux. L'Iran du coeur, l'Iran des Iraniens et des Iraniennes, léger. Et lourd, leur coeur.

Le goût âpre des kakis, Zoyâ  Pirzâd, éditons Zulma, traduction Christophe Balaÿ

jeudi 10 novembre 2011

.

On a tous nos morts. Il y a celles qu'on accepte plus facilement que d'autres. Autant d'êtres sont autant de façons de vivre ou de ne pas vivre son deuil. De le faire, comme on dit.
Mathias Malzieu, du haut de sa planète poétique et fantastique, partage la douleur qu'il a subi à la mort de sa mère. Il ne s'étale pas, ce n'est pas larmoyant, c'est une métaphore qui se file au long des pages. Ses mots si décalés et si justes en même temps; il écrit tout haut les angoisses et les questions qui assaillent tout un chacun.























"Vous pouvez toujours organiser ça cérémonieusement, [...] elle est déjà partie, c'est truqué. Vous ne l'aurez pas. Je vous assure que c'est truqué. Elle n'est pas là-dedans, elle est déjà loin, je la connais, elle est espiègle, on ne peut pas l'attraper. Les espiègles, on ne peut pas les tuer. Elle prend son élan pour revenir, ne lui prenez pas son élan, ne touchez pas la boîte comme ça, vous allez lui faire mal avec vos fleurs."

Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, Mathias Malzieu, éditions J'ai Lu 

mercredi 9 novembre 2011

Fil de lecture #7

Ivresses du fils, Daniel Arsand, éditions Stock collection Ecrivins

mardi 8 novembre 2011

ça casse pas trois pattes à un canard

...y a des expressions qui viennent on ne sait d'où. Des livres aussi.

Dans la liste de mon défi ABC, j'avais glissé un polard qui me semblait attirant. 
Un écrivain qui est aussi scénariste, et "un roman noir surprenant, d'une effroyable cocasserie" disait la quatrième de couv.
Une effroyable cocasserie, au premier abord, j'avais du mal à visualiser. 
Après la lecture, je comprends bien: une effroyable cocasserie est une façon masquée de dire qu'on est ahuri (cf l'effroi) devant autant de niaiserie ( cf cocasse).
L'idée, ce sont les méchants (riches, hauts-placés, et pédophiles) contre les gentils (moins riches, enfances malheureuses, pas pédophiles).
On  devine assez vite qu'à la fin ce sont les gentils qui gagneront. 
Et ils gagnent.

Le cul des anges, Benjamin Legrand, éditions du Seuil


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