mardi 20 décembre 2011

Relire encore et encore

La relecture c'est mon truc à moi. Encore plus de plaisir que la lecture. Je ne sais pas d'où ça me vient.
Il y a les livres que je relis régulièrement d'une traite, ceux dont je relis des passages, une page, ceux que je feuillette pour m'arrêter sur un chapitre, et ceux que je relis par touche sur plusieurs semaines.

Ces derniers temps, c'était L'insoutenable légèreté de l'être, le sucre à saupoudrer sur les mots des autres. Quelques pages le soir après avoir fermé un autre livre. Toute une après-midi à l'ouvrir de temps en temps, un autre jour. Et aujourd'hui je l'ai terminé, pour la combientième fois?
Quatre, cinq, je ne sais pas exactement. Je sais que la première fois c'était ma mère qui me l'avait mis entre les mains, je devais avoir 16 ans, 17 peut-être?

Cette lecture-ci a été particulière: je n'ai pas pleuré à la mort de Karénine, jusque-là, j'avais sangloté à chaque fois. Cela sonne peut-être le signal de la lecture ultime. Pourtant le reste du texte m'a touchée autant que les fois précédentes.
Rien ne vieillit, ni le style, ni les personnages, ni ce qu'ils vivent.
C'est véritablement le livre de l'intemporalité.
"J'ai toujours devant les yeux Tereza assise sur une souche, elle caresse la tête de Karénine et songe à la faillite de l'humanité. En même temps , une autre image m'apparaît: Nietzsche sort d'un hôtel de Turin. Il aperçoit devant lui un cheval et un cocher qui le frappe à coups de fouet. Nietzsche s'approche du cheval, il lui prend l'encolure entre les bras sous les yeux du cocher et il éclate en sanglots [...]
Et c'est ce Nietzsche-là que j'aime, de même que j'aime Tereza, qui caresse sur ses genoux la tête d'un chien mortellement malade. Je les vois tous deux côte à côte: ils s'écartent tous deux de la route où l'humanité, "maître et possesseur de la nature", poursuit sa marche en avant."

L'insoutenable légèreté de l'être, Milan Kundera, éditions Folio, traduction François Kérel 

3 commentaires:

  1. J'aime beaucoup relire aussi. Je ne le faisais plus depuis quelques années, à l'exception d'un ou deux livres*, mais j'ai recommencé il y a quelques mois.

    * Je crois que je relirai toujours sans jamais m'en lasser Les Liaisons dangereuses. Chaque relecture est l'occasion d'une nouvelle découverte, d'un nouveau bonheur pour moi.

    Je n'ai jamais L'insoutenable légèreté de l'être, mais tu me donnes envie de le faire.

    RépondreSupprimer
  2. Je l'ai d'abord vu en film puis lu.
    C'est un des films qui a le plus marqué ma vie de jeune femme. J'en ai encore les images plein les yeux alors que ça doit faire....pffff..20,30 ans ?
    Tout y est immense pour moi. Mon être entier en frisson et en écho à chaque séquence, chaque morceaux sur l'écran. Le film est comme un livre avec des pages et chaque page me bouleverse. Le livre est un de ceux que je garde. J'en garde très peu, juste les perles, les autres le donne en bibli à chaque déménagement.
    Relire, à part la poésie, je ne fais pas encore. Cela me fout la trouille.

    RépondreSupprimer
  3. Après ton beau texte, je reprends "l'insoutenable..." Je l'ai lui, il y a si longtemps.

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...